Les drag-queens ont fait le tri: d'un côté, les candidatures favorables à la communauté LGBTIQ, de l'autre les «les éternels passéistes» qui s'opposent aux droits queers au Parlement. Les personnes qui soutiennent la communauté lesbienne, bisexuelle, gay, trans, intersexe et queer peuvent dès aujourd'hui visiter un site internet pour accéder à ces recommandations de vote.
Perruque blonde et visage poudré, la drag-queen Mona Gamie explique pourquoi elle se mouille: «Face au climat hostile créé par la droite, il est temps de retrousser nos jupons et de remonter une fois de plus sur le ring pour combattre.»
«Nos meilleures armes: l’humour et l’intelligence»
La communauté de Mona Gamie est effectivement fréquemment prise pour cible par les groupes auto-proclamés «anti-woke» ces derniers temps. Des lectures de contes par des drag-queens ont dû être protégées par la police, la Ville de Berne a subi un déferlement de haine en ligne à cause de drapeaux arc-en-ciel et le nombre d'attaques LGBTQI-phobes a atteint un record en Suisse l'année passée.
Mona Gamie tient toutefois à prendre de la hauteur face aux vents contraires: «Nous ne ripostons pas par la force physique, mais avec nos meilleures armes: l’humour et l’intelligence.» Pink Cross, l'organisation faîtière des hommes gays et bisexuels en Suisse, a ainsi développé une fine stratégie politique en marge des élections fédérales du 22 octobre.
Conseil des Etats dans le viseur
C'est sur la Chambre haute que Pink Cross met la priorité. Des recommandations de votes sont ainsi disponibles pour chaque canton. Le secrétaire général de Pink Cross Roman Heggli explique: «Lors de la dernière législature, nous avons perdu plusieurs votes au Conseil des Etats, car celui-ci est nettement plus conservateur que le Conseil national.»
Les candidates et candidats au Conseil des Etats ont ainsi été invités à prendre position sur six propositions de Pink Cross, comme la mention du sexe neutre ou l'interdiction des pratiques de conversion. À noter que plusieurs personnes n'ont pas fourni de réponses. En Valais par exemple, les deux sénateurs sortants n'ont pas rempli le formulaire de Pink Cross. Ce qui n'a pas empêché l'organisation d'évaluer le bilan de Marianne Maret et Beat Rieder (Centre). Avec un score respectif de 40% et 20%, les deux élus n'ont pas le soutien des drag-queens.
PLR plus LGBT-friendly que le Centre
La Chambre basse n'a pas été oubliée pour autant. Pink Cross, l’Organisation suisse des lesbiennes (LOS) et Transgender Network Switzerland ont ainsi analysé le comportement de vote des parlementaires lors de la dernière législature.
En tête de classement arrivent les partis socialiste, vert et vert'libéral. La quasi-entièreté de leurs votes ont été en faveur des droits queers. Viennent ensuite le PLR (58% LGTB-friendly), le Centre (40% LGTB-friendly), puis l'UDC en queue de peloton. Moins d'un vote sur dix du plus grand parti de Suisse a été favorables aux droits queers.