Peter Spuhler se livre à un délicat numéro d'équilibriste: le patron de Stadler continue de faire des affaires en Hongrie et en Biélorussie, deux pays proches de Moscou. Récemment, Peter Spuhler a fêté les 15 ans de l'usine Stadler de Szolnok en Hongrie avec le ministre hongrois des Affaires étrangères et proche de Viktor Orban, Peter Szijjarto, rapporte la «NZZ am Sonntag».
Peter Szijjarto est considéré comme un ami de Poutine, il s'est rendu plusieurs fois à Moscou depuis le début de la guerre. Il a profité de la fête de Stadler pour tenir des propos critiques à l'égard de l'Occident… sans un mot contre la Russie.
«Cela fait partie des affaires. Stadler est présent dans 25 pays. Il est donc impossible d'être d'accord avec tout ce qui se passe sur place», explique Peter Spuhler au journal. L'homme d'affaires rappelle que son entreprise est neutre et doit par conséquent s'entendre avec chaque gouvernement.
«Je ne serrerais pas la main de Poutine pour le moment»
Mais en tant que personne privée, Peter Spuhler voit les choses différemment, comme il le laisse entendre dans son entretien avec la «NZZ am Sonntag». «Je ne serrerais pas la main de Poutine en ce moment», dit-il, tout en exposant sa position dans la guerre en Ukraine: «Au vu des souffrances causées par l'invasion russe, je trouve qu'il serait faux que la Suisse se tienne à l'écart et se montre neutre. Là-dessus, ma position diverge de celle de nombreux membres de mon parti, l’UDC.»
Chez Peter Spuhler, en Thurgovie, vit depuis trois ans une famille de six réfugiés ukrainiens. «Le père travaille chez Stadler à Bussnang, le fils aîné fait un apprentissage dans l'entreprise de construction de ma femme Daniela», explique-t-il.
Quant à sa vision de Donald Trump et de ses guerres commerciales? Elle est sans appel. «Les mesures américaines sont irrationnelles. L'administration Trump ne tient pas compte des faiblesses de sa propre industrie», affirme-t-il. Déjà, dans un entretien accordé à Blick en novembre 2024, Peter Spuhler n’avait pas mâché ses mots: «Trump, par sa manière d'être, est indigne de la fonction de président des Etats-Unis.»