Une petite Suisse pour un grand projet. C'est avec cette musique de fond qu'ont résonné les préparatifs du sommet sur l'Ukraine, qui se tiendra les 4 et 5 juillet, à Lugano. Le président de la Confédération Ignazio Cassis a spécialement rebaptisé l'«Ukraine Reform Conference» annuelle en une «Ukraine Recovery Conference», c'est-à-dire une conférence pour la reconstruction de l'Ukraine, alors que la guerre n'est pas terminée. L'hôte a même parlé d'une sorte de plan Marshall, qui devrait être adopté au Tessin.
Lors des préparatifs jeudi à Berne, tout cela a pris une tournure un peu plus modeste. Exit les grands mots, ce sommet permettra plutôt de définir un cadre, une boussole et une langue commune pour l'après-guerre. Bien que louable, la conférence de Lugano n'aura donc pas d'accord historique à la clé.
«Il s'agit de dégager les principes pour la reconstruction, d'envisager le processus. Pour adopter un plan Marshall, il faudrait que la guerre soit terminée. Il serait donc trop tôt pour cela», déclare à Blick le représentant spécial du DFAE Simon Pidoux. «Mais il faudra être prêt dès que la guerre sera terminée. Et ça, c'est maintenant que ça se joue. Via ce processus, nous aurons les instruments et les méthodes pour développer le plan final», explique-t-il.
Zelensky en virtuel
Au moins huit chefs d'État et de gouvernement sont attendus, notamment de Pologne, de République tchèque et de Lituanie, ainsi qu'au moins 15 ministres. La cheffe de l'UE Ursula von der Leyen viendra également en personne à Lugano.
En revanche, le président ukrainien Volodimir Zelensky ne sera présent que virtuellement. Il n'a pas quitté l'Ukraine depuis le début de la guerre. Au total, jusqu'à 1000 participants issus de gouvernements, d'organisations internationales, de la société civile, de la science et de l'économie devraient se rencontrer et dialoguer lors de cette conférence de deux jours.
Les organisateurs n'entrent pas encore dans les détails du programme. Cinq thèmes principaux devraient toutefois être mis en avant: société, économie, environnement, infrastructure et numérisation. Le processus de reconstruction de l'Ukraine doit en tout cas aller de pair avec le processus de réforme, a souligné le représentant spécial du DFAE Simon Pidoux. La corruption dans le pays reste un sujet de préoccupation.
«La guerre est toujours là»
Artem Rybchenko, ambassadeur d'Ukraine en Suisse, a souligné que le président Zelensky avait été impliqué «dès le début» dans les préparatifs. «Nous avons déjà besoin de reconstruire notre pays, même si nous sommes encore en guerre. Nous sommes reconnaissants que tant de pays et d'organisations différents viennent à Lugano, et montrent ainsi aussi leur solidarité», assure-t-il.
Selon lui, il est également important de montrer la situation des Ukrainiens. Il voit de nombreux domaines où l'Ukraine a besoin d'un soutien urgent - du secteur agricole à l'approvisionnement énergétique en passant par l'informatique et les projets sociaux, les soins médicaux, les écoles et les jardins d'enfants. «La guerre est toujours là, les gens doivent le comprendre et ne pas l'oublier».
(Adaptation par Thibault Gilgen)