Qu'il s'agisse de la loi Covid-19, de l'immigration, de la SSR ou de la gauche radicale, David Trachsel est connu pour son franc-parler. Le président des Jeunes UDC Suisse et quelques-uns de ses collègues en ont fait les frais. Après leur assemblée des délégués de samedi à Bâle, une vingtaine de membres du parti ont voulu prendre une bière vers la cathédrale, dans le bar estival Fährlibödeli, directement au bord du Rhin.
La tentative a échoué. «On nous a demandé de quelle organisation nous étions», explique David Trachsel. Lorsqu'ils se sont présentés comme des jeunes de l'UDC, ils se sont rapidement fait rembarrer: «Nous ne vous servirons pas ici!»
«Je trouve une telle attitude inquiétante»
Sur Twitter, le jeune parti se montre indigné. Plusieurs politiciens de l'UDC critiquent le fait que le bar obtienne une concession de la ville alors que certains groupes seraient exclus.
«Je trouve une telle attitude inquiétante», déclare David Trachsel. Les jeunes politiciens n'auraient en aucune manière provoqué cette réaction. «Je m'en porte garant, parole d'honneur», assure-t-il. C'est d'ailleurs la première fois que cela lui arrive. Pour David Trachsel, il s'agit d'une conséquence de ce que l'on appelle la «culture woke», qui ferait semblant d'être tolérante mais exclurait catégoriquement ceux qui pensent autrement.
Récemment, l'interruption d'un concert à Berne avait fait les gros titres. Des personnes dans le public avaient critiqué le fait qu'un groupe blanc jouait du reggae et que les membres du groupe portaient des dreadlocks. Elles auraient ressenti cela comme une appropriation culturelle et auraient fait une réclamation auprès des organisateurs. Les Jeunes UDC ont alors déposé une plainte pour infraction à la norme pénale contre le racisme.
A lire aussi
Discussions animées sur les réseaux sociaux
Ce sont désormais les Jeunes UDC eux-mêmes qui ont fait les frais d'un désaccord public. Et une fois de plus, un vif débat s'engage sur les réseaux sociaux. «Je ne sais pas ce qui m'effraie le plus... qu'un bistrot refuse des clients en raison de leurs convictions politiques ou qu'il soit célébré pour cela», commente par exemple sur Twitter le conseiller national zurichois Philipp Kutter.
Les Jeunes UDC n'ont en revanche pas suscité la pitié de la part de leurs concurrents politiques. Et ils ne doivent pas s'en étonner, estime l'ancien président du PS bâlois Pascal Pfister, lui aussi sur l'application à l'oiseau bleu: «Ils ne cessent d'attaquer et de discriminer les gens, et ils s'attendent ensuite à être accueillis à bras ouverts. Action -> réaction.»
David Trachsel ne veut pas se laisser accabler par ce reproche. «Nous nous battons avec acharnement pour défendre notre position politique, mais toujours dans le cadre d'un discours démocratique, souligne-t-il. Nous acceptons en outre des opinions différentes - et nous attendons la même chose de la partie adverse.»
Le gérant du bar nie l'altercation
Le gérant du bar ne veut en revanche rien savoir de la position des Jeunes UDC. Son personnel aurait simplement demandé si une réservation avait été effectuée puis informé qu'il n'y avait plus de tables libres, explique le propriétaire Roger Greiner à «20 Minuten»: «Mon personnel a indiqué qu'ils pouvaient toutefois s'asseoir sans soucis sur le mur au bord du Rhin avec leurs boissons.»
Les Jeunes UDC réfutent cette affirmation. Il n'y aurait pas seulement eu de questions sur une réservation. On leur aurait aussi dit fermement que les Jeunes UDC ne seraient pas servis. Motif: «J'aurais ça sur la conscience!» David Trachsel considère les autres arguments à présent avancés comme la preuve d'une chose: de la lâcheté.
Samedi soir, les jeunes politiciens ont tout de même courageusement réussi à boire un verre, mais dans un autre bistrot.
(Adaptation par Lliana Doudot)