La Fête nationale est généralement l’occasion pour les politiciens suisses de chanter les louanges de la nation et d’appeler à la cohésion du pays. Mais le président de l’UDC Marco Chiesa semble préférer diviser plutôt qu’unir, même un 1er Août.
Après avoir saisi l’an dernier l’occasion de ce jour férié pour s’énerver contre les «gauchistes de luxe et les Verts paternalistes» dans les villes, le Tessinois s’insurge cette fois-ci contre «l’absurdité gender-woke hostile à la liberté» («woke» est une expression utilisée pour dénigrer des idées centrées sur la défense des droits de groupes minoritaires).
Entre appropriation culturelle et toilettes non genrées
Marco Chiesa reprend ainsi le débat qui s’est enflammé à la suite de l’interruption d’un concert d’un groupe de reggae à la Brasserie Lorraine de Berne, la semaine dernière. Des spectateurs anonymes avaient reproché au groupe, composé de Blancs, son «appropriation culturelle» en raison de ses coupes de cheveux rasta et de ses vêtements.
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«Seuls les Noirs ont-ils le droit de jouer de la musique noire et de porter des coiffures afro-américaines?», interroge Marco Chiesa. «Autrement dit, est-ce que seul un «vrai» Suisse peut yodler? Allons-nous chasser un Chinois du bistrot parce qu’il veut manger une fondue?», martèle le politicien.
Des priorités différentes
Le président de l’UDC s’énerve également contre le fait que les enfants ne puissent plus se déguiser en Indiens lors du carnaval et que la ville de Zurich dépense, comme il l’affirme, des millions pour des toilettes non genrées. Tous ces problèmes seraient ceux d’une «élite de la prospérité détachée, gauche-verte, qui méprise la Suisse», estime Marco Chiesa.
Bien loin de se battre pour des toilettes neutres, celui-ci s’intéresse plutôt à la neutralité de la Suisse, l’inflation, l’AVS, la crise énergétique, la sécurité…
Mais l’animal politique aurait sans doute dû commencer par attirer l’attention de la jeunesse de son propre parti sur ces questions. Ces dernières semaines, les Jeunes UDC, sous la direction de David Trachsel, ne se sont effectivement pas demandé comment éviter le froid de l’hiver prochain.
Non. Ils ont plutôt porté plainte contre la brasserie qui avait fait interrompre le concert du groupe de reggae. Plus tôt, les Jeunes UDC avaient également lancé une pétition pour qu’un tube sexiste («Layla» de Ballermann), populaire en Suisse alémanique, se hisse à la première place des charts helvétiques.
Le groupe politique s’était également mis en scène dans les médias en réaction à un guide de langage sur le genre publié par UBS.