Le poignet de Nicole Platel est orné d'un tatouage. On peut y lire «Toi, moi, nous»: une façon simple de décrire la solidarité et le soutien – deux piliers d'une santé mentale stable qui manquent cruellement à de nombreux enfants et jeunes d'aujourd'hui.
La nouvelle directrice de la fondation Pro Juventute prendra officiellement son nouveau poste en mars. Mais la nouvelle recrue connaît déjà les chiffres. Ils sont alarmants: «Le besoin de consultations pour des idées suicidaires a encore augmenté de 26% chez nous l'année dernière. Nous sommes en contact quotidien avec neuf jeunes», précise Nicole Platel dans un entretien avec Blick.
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Les comportements autodestructeurs augmentent
En 2022, il y avait sept à huit consultations par jour. En 2019, seulement trois à quatre par jour, explique Nicole Platel. «Les consultations pour comportement autodestructeur ont également fortement augmenté. On en enregistre 48% de plus. Le besoin de consultation pour cause de crise est également en hausse: l'augmentation est de 20% par rapport à l'année précédente.»
Dans les cas particulièrement graves, Pro Juventute aide les enfants et les jeunes à obtenir un soutien dans un hôpital psychiatrique. En 2023, il y a eu 166 interventions de crise, soit pratiquement une tous les deux jours. «Ces chiffres sont également en hausse par rapport à 2022. En 2019, on comptabilisait encore 57 interventions de crise», rapporte la nouvelle présidente.
Une oreille attentive 24h/24, 7j/7
Pro Juventute est surtout connue pour sa hotline 147. Depuis 25 ans, les enfants et les jeunes y trouvent une oreille attentive, qu'il s'agisse d'un chagrin d'amour ou de pensées suicidaires. «Nous sommes là 24 heures sur 24, 365 jours par an. Et nous pouvons en être fiers. Mais c'est une évolution est inquiétante pour toute la société. C'est alarmant de voir que les chiffres augmentent et que les jeunes se sentent de plus en plus stressés», regrette Nicole Platel.
Jusqu'à présent, la juriste travaillait comme manager pour la maison d'édition Ringier, qui publie également Blick. Son nouvel engagement est encore une fois toujours lié à la gestion de problème et de crise. Pourquoi s'impose-t-elle à nouveau ces responsabilités?
«Je suis mère de deux filles et je souhaite à tous les enfants et adolescents une vie heureuse. Ils doivent pouvoir réaliser leurs rêves. Chez Pro Juventute, nous veillons à ce que les enfants et les jeunes soient rapidement aidés en temps de crise. C'est ce qui me motive», assure Nicole Platel, qui est mariée à l'ex-nageur romand Yves Platel.
Les délais pour des places en thérapie sont longs
En dépit de ses conclusions inquiétantes, Pro Juventute se porte bien. Le bureau de Zurich-Oerlikon est aussi coloré que le logo de la fondation. Mais de nombreux dossiers attendent la nouvelle directrice. Parmi ces derniers, la réponse à un postulat de la Commission de la science, de l'éducation et de la culture du Conseil national: comment le Conseil fédéral entend-il renforcer la santé psychique des enfants et des jeunes?
C'est au Département fédéral de l'intérieur (DFI), désormais dirigé par Elisabeth Baume-Schneider, d'en découdre. La directrice à en devenir se réjouit d'avoir des nouvelles de la première responsable de ses questions. «Nous sommes impatients de connaître sa réponse. Nous aimerions aussi l'inviter à se faire une idée de l'important travail du 147», espère Nicole Platel.
Des changements ont déjà eu lieu. Depuis l'année dernière, une nouvelle loi est en vigueur. Les psychothérapeutes ne doivent plus travailler sous la surveillance d'un médecin. Cela doit permettre aux patients d'obtenir plus rapidement une place en thérapie.
Nicole Platel ne peut pas encore se prononcer de manière définitive sur cette mesure, et si elle a effectivement réduit les temps d'attente. «Il est important que les enfants qui ont des idées suicidaires obtiennent rapidement et facilement une place en thérapie. Je ne peux pas encore tirer des conclusions. Mais nous continuons à entendre fréquemment via la hotline 147 que les enfants et les adolescents doivent parfois attendre longtemps pour obtenir une place en thérapie.»
La gestion de la pression est dans son ADN
Dans sa jeunesse, Nicole Platel était une sportive professionnelle. Elle a participé deux fois aux Jeux olympiques en tant que nageuse, en 1996 à Atlanta et en 2004 à Athènes. De nombreux jeunes se plaignent du stress: comment a-t-elle géré la pression de la performance à l'époque? «Dans le sport professionnel, on apprend à être résiliente. Parfois tu gagnes, parfois tu perds. Après des revers, tu dois continuer pour avoir à nouveau du succès. Ces expériences favorisent la confiance en soi et l'efficacité personnelle», concède-t-elle.
Ces derniers temps, les clubs de sport ont été critiqués à plusieurs reprises pour du harcèlement, des abus de pouvoir et des violations des limites. «En tant qu'entraîneur, la frontière est mince entre amener les sportifs à donner le meilleur d'eux-mêmes et ne pas les surmener», explique l'intervenante. «J'ai eu la chance d'avoir un bon environnement. Mais je sais qu'il peut y avoir un fort déséquilibre de pouvoir entre les athlètes et les entraîneurs. Il est important de continuer la sensibilisation à ce sujet.»
Elle a nagé avec Charlène de Monaco
Du temps où elle était professionnelle, l'ancienne sportive a également connu des nageuses célèbres comme Charlène de Monaco ou Franziska van Almsick. «Certaines connaissances deviennent des amitiés et survivent à des carrières sportives, d'autres non. Mais quand on rencontre quelqu'un qui a aussi participé aux Jeux olympiques, il y a tout de suite un dénominateur commun et une super connexion.»
Nicole Platel a touché les étoiles en tant qu'athlète olympique. En tant que nouvelle directrice de Pro Juventute, elle veut permettre aux enfants et aux jeunes en crise d'avoir un soutien pour qu'ils puissent à nouveau rêver eux-mêmes: «Toi, moi, nous.» En cas de besoin, le 147 reste toujours ouvert pour leur offrir un espace de discussion sécurisant et bienveillant.