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«En entretien, le pouvoir est de plus en plus dans les mains du salarié»

La pénurie de main-d’œuvre qualifiée maintient les intentions d’embauche des entreprises suisses à un niveau élevé, détaille une étude de ManpowerGroup. Selon son directeur romand, les chiffres pour le premier trimestre 2023 seraient même inhabituellement positifs.
Publié: 12.01.2023 à 06:07 heures
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Dernière mise à jour: 13.01.2023 à 22:42 heures
Laurent Vacelet, directeur romand de ManpowerGroup, s'étonne des résultats positifs qu'il présente.
Photo: Keystone/D.R.
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Antoine HürlimannResponsable du pôle News et Enquêtes

Face à sa webcam, ce mardi après-midi, un homme affiche un large sourire au moment de répondre aux questions de Blick. Et il y a de quoi. «C’est la fois où les résultats de notre baromètre m’étonnent le plus depuis une année, s’exclame Laurent Vacelet, directeur pour la Suisse romande de ManpowerGroup. Malgré l’inflation, les risques régionaux et globaux, 41% des entreprises suisses prévoient d’embaucher du personnel et 16% envisagent de licencier. La prévision nette d’emploi de 24% qui en résulte est très positive. Je ne m’attendais pas à ce que cette tendance dure aussi longtemps!»

Très concrètement, ces chiffres signifient que les employeurs, partout en Suisse, cherchent de la main-d’œuvre. Beaucoup de main-d’œuvre. Comment l’expliquer, malgré les inquiétudes bien connues du moment?

Dans les faits, les conséquences du ralentissement économique, de l’inflation et de la hausse des coûts pour les entreprises se sont bel et bien fait sentir sur le marché du travail. Mais pas autant que ne le laissaient présager certaines prévisions. «Probablement à cause de la pénurie persistante de personnel qualifié», analyse Laurent Vacelet.

Il enchaîne: «Les employés spécialisés restent un bien rare en Suisse. Les entreprises doivent vérifier rapidement si leurs stratégies de recrutement et de fidélisation des collaborateurs correspondent effectivement aux besoins des employés.»

Le pouvoir aux employés

Il rappelle en outre que cette problématique n’est pas nouvelle. «Il y a quelques mois, on parlait déjà de la nécessité de proposer des conditions flexibles, plus égalitaires, globalement plus attrayantes. Nous sommes désormais en plein dedans. Nous assistons à un basculement: le pouvoir est de plus en plus dans les mains du salarié au moment de postuler.»

Pour illustrer ses propos, le directeur pour la Suisse romande de ManpowerGroup relate une expérience personnelle qui remonte au matin même. «J’ai interviewé deux excellents candidats pour nos besoins internes, relate-t-il. Tous les deux avaient trois positions d’employeurs différents sous le coude. J’ai donc passé un bon moment de ces entretiens à mettre en avant nos conditions pour les séduire. C'est la réalité d’aujourd’hui!»

Voici pour les grandes lignes. Plongeons-nous maintenant dans l’enquête du géant américain du travail temporaire pour identifier les besoins, branche par branche. Dans le segment «Transport, logistique et automobile», les intentions d’embauche au premier trimestre (30%) dépassent encore une fois les valeurs élevées des trimestres de l’année 2022 (entre 16% et 26%).

Importer de la main-d’œuvre?

Par ailleurs, après un plongeon au quatrième trimestre 2022, les perspectives nettes d’emploi doublent quasiment (46% contre 24%) dans la branche «Technologies de l’information». Également en recul au quatrième trimestre 2022 (-8%), le segment «Finance et immobilier» enregistre une tendance remarquable cette année avec +26 points.

Le personnel qualifié dans le secteur de la santé reste très demandé, assure en substance Laurent Vacelet. Après avoir évolué entre 29% et 43% au cours des trimestres de l’année 2022, les perspectives nettes d’emploi dans le secteur «Santé et sciences de la vie» se stabilisent à 17% au premier trimestre 2023.

Ce recul tient probablement pour l’essentiel à un retour à la normale d’un niveau extrêmement élevé de la demande dans les sciences de la vie. La situation est analogue dans les «Biens de consommation et services». Après avoir été très positives au cours des deux derniers trimestres (T3 36%, T4 32%), les perspectives d’emploi s’établissent à 19% au premier trimestre 2023.

En clair, les employeurs peinent à répondre à leur besoin. Une situation compliquée par un taux de chômage relativement bas. Quelles solutions s’offrent à eux? «On l’a dit, il faut être toujours plus attrayant, reprend Laurent Vacelet. On peut aussi importer du personnel qualifié, venu d’un autre canton ou d’un autre pays. La vraie question, c’est: jusqu’à quand cette tendance très positive de l’emploi va-t-elle persister? À un moment ou à un autre, nous assisterons forcément à un rééquilibrage.»

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