Champagne! Selon le géant américain du travail temporaire ManpowerGroup, les perspectives d’embauche se maintiennent au plus haut niveau en Suisse pour le troisième trimestre 2022. Après sa précédente étude prévisionnelle aux résultats «historiques», la tendance se confirme. Et elle est plus que jamais réjouissante.
Dans le détail, 40% des entreprises prévoient d’engager du personnel et 11% envisagent de licencier. La prévision nette d’emploi corrigée de 28% qui en résulte est la deuxième plus élevée depuis le début de l’enquête lancée en 2005. Comparaison marquante: par rapport au troisième trimestre 2021, les perspectives d’emploi font un gigantesque bond de 18 points.
L’ensemble du pays est concerné par cet élan. À noter la demande supérieure à la moyenne en Suisse centrale ainsi que la demande positive au Tessin. En Suisse italophone, les dernières analyses tablaient encore sur davantage de licenciements que d’embauches. De l’histoire ancienne désormais!
Difficile de trouver employé à son pied
Alors, tout est parfait dans le meilleur des mondes? Les entreprises vont se remplumer et vider les offices de placement? Lisez plutôt… Malgré leur désir d’engager, les employeurs ont du mal à pourvoir les postes vacants. Cette réalité paradoxale s’explique par la pénurie de talents, de profils techniques ou encore de spécialistes. Et, toujours d’après ManpowerGroup, une amélioration de cette situation à court terme n’est pas en vue.
Selon son directeur pour la Suisse romande, Laurent Vacelet, les entreprises qui souhaitent attirer de nouveaux profils et fidéliser ceux déjà présents ne peuvent pas seulement se contenter de remettre en question les conditions de travail qu’elles offrent. Elles devraient également se demander si leur culture de direction et d’entreprise est adaptée à notre époque. Car les besoins des employés ont fortement évolué à cet égard.
«Ce n’est pas uniquement une question de salaire mais aussi, par exemple, de flexibilité du temps de travail», explique-t-il à Blick. Concrètement? «Les employeurs doivent donner des temps partiels, proposer des cadres plus souples, permettre le télétravail, lutter contre les inégalités salariales… Aujourd’hui, dans certains secteurs, le rapport de force s’est inversé: c’est la personne qui postule qui peut choisir entre quatre ou cinq offres celle qu’elle juge être la plus séduisante.»
Conséquence: les entreprises vont devoir évoluer pour être les plus attrayantes possible. «C’est extrêmement positif, très enthousiasmant, s’extasie Laurent Vacelet. Et il faut bien comprendre que nous vivons un changement de paradigme qui va durer!»
Qui veut être informaticien ou serveur?
Où a-t-on actuellement le plus d’opportunités de décrocher un job? Parmi les onze secteurs d’activité interrogés, les besoins en personnel se font tout particulièrement sentir dans l’hôtellerie et restauration, dans l’informatique, la technologie, les télécommunications, la communication et les médias, ainsi que dans le commerce de gros et de détail.
On l’aura compris: ces employeurs doivent donc faire preuve de souplesse pour attirer et conserver les bons éléments. D’accord. Mais pas facile, selon la branche, de faire le grand écart et de proposer des horaires aménageables ou réduits. Non? «D’autres solutions existent et d’autres sont encore à trouver, répond le directeur romand de ManpowerGroup. Il est vrai qu’il va falloir beaucoup d’efforts et de créativité. Mais les entreprises vont réussir à s’adapter, se transformer.»