L'année dernière, Glencore a triplé son bénéfice pour atteindre 16 milliards de francs. Le groupe de matières premières de Baar est l'un des plus grands exportateurs de charbon au monde. Et la guerre qu'a provoquée la Russie en Ukraine a bien rempli les caisses de l'entreprise. Cela fait remonter une vieille revendication des Vert-e-s à la surface. Depuis dix ans, le parti veut mieux surveiller le secteur florissant des matières premières - sans succès jusqu'à présent.
Mais les choses pourraient bientôt changer. Lors de l'ouverture de la session parlementaire, lundi prochain, les Vert-e-s déposeront une initiative parlementaire pour la création d'une autorité de surveillance du marché des matières premières.
«Les groupes suisses de matières premières font des bénéfices records au détriment du climat, de l'environnement, de la paix et des droits de l'homme, déclare la conseillère nationale des écologistes, Franziska Ryser. Il est temps de mettre enfin un terme à ces pratiques.» Selon elle, le fait que le secteur ne soit en grande partie pas réglementé rend la Suisse vulnérable à la corruption, au blanchiment d'argent et à la pollution de l'environnement. Franziska Ryser alerte: «La réputation de notre pays est fortement menacée.»
Avis majoritairement favorables à une surveillance
Le Conseil fédéral avait déjà constaté l'existence de ce danger il y a une dizaine d'années dans son rapport de base sur les matières premières. Mais il a rejeté les interventions qui demandaient déjà à l'époque une autorité de surveillance. En 2013, le conseiller national de l'époque Louis Schelbert (des Vert-e-s) n'a pas réussi à convaincre, et Franziska Ryser non plus, il y a un an.
Avec leur initiative parlementaire, les Vert-e-s veulent à présent charger directement le Parlement d'élaborer une proposition de loi correspondante. «Ainsi, le Conseil fédéral ne pourra plus nous freiner», assure le président zurichois du parti, Balthasar Glättli.
Au sein de la commission de l'économie du Conseil national, les avis sont majoritairement favorables à une surveillance du marché des matières premières. La gauche est d'accord, mais pas le camp bourgeois.
La conseillère nationale PS Jacqueline Badran confie de son côté à Blick: «Bien sûr que nous avons besoin d'une telle surveillance!» Le chef du groupe parlementaire UDC Thomas Aeschi rétorque: «Aujourd'hui déjà, il existe une législation stricte en Suisse. Si certaines affaires ne devaient pas être en ordre, cela serait contrôlé et éventuellement sanctionné.» Pour l'UDC, il est donc clair qu'une autorité de surveillance n'est pas nécessaire.