Nick M.* a fait attention à sa santé toute sa vie. Sportif à ses heures perdues, le presque quinquagénaire surveille son alimentation.
Mais il y a cinq ans, son corps l'a soudainement lâché. «J'étais un tout autre homme», raconte-t-il à Blick: «Je n'avais absolument plus envie de faire l'amour, ni de faire du sport, alors que normalement j'adore courir et nager. Je n'avais plus de force ni d'endurance. C'était une torture toute la journée.»
Pendant longtemps, le Zurichois n'arrive pas à identifier la source de son calvaire. Il soupçonne d'abord une carence en vitamines.
Et puis un jour, c'est la douche froide: en faisant des recherches sur Internet, il apprend qu'il pourrait être en pleine andropause, la «ménopause masculine». «Pour moi, ce fut un choc! Personne n'en avait jamais parlé. Et je suis convaincu que c'est aussi le cas de beaucoup d'hommes.»
Sa masculinité s'effrite sous ses yeux
Les semaines suivantes, Nick passe son corps au crible. Et voit sa masculinité s'effriter sous ses yeux: «Tout à coup, j'ai vu les signes de vieillesse s'accumuler chaque jour un peu plus. J'ai vu des rides qui balafraient mon visage. Mes muscles fondaient à vue d'oeil. Et j'avais de gros problèmes de concentration.»
En 2018, Nick appelle son médecin de famille à l'aide. Et là, le verdict tombe: Nick est en andropause. Son taux de la testostérone – l'hormone sexuelle de l'homme – dégringole. Les conséquences de cette chute sont catastrophiques, car la testostérone influence également la croissance osseuse, la croise musculaire ainsi que la bonne absorption des graisses et des sucres par l'organisme. Même le psychisme en prend un coup.
«Ma testostérone était de 120 pmol/L, la norme est de 150-800 pmol/L», confesse Nick. Pour compenser, celui-ci reçoit alors une dose 125 milligrammes d'anabolisants, à s'administrer tous les cinq jours. Dans un premier temps, l'effet sur Nick est phénoménal.
Les anabolisants décuplent ses envies de sexe
«Auparavant, je prenais des raclées face aux petits jeunes au football», raconte Nick. Mais «après l'injection d'anabolisants, je les semais même. Ça faisait vraiment du bien!»
Même sa femme, qui se moquait de lui et lui conseillait de laisser la nature suivre son cours, change elle aussi d'avis: «J'avais à nouveau envie de faire l'amour, j'avais des belles érections. Pour ma partenaire aussi, tout a changé» se réjouit Nick, de nouveau conquérant.
Sur le thème de la sexualité
L'homme enchaîne alors les injections d'anabolisants, se fournit auprès d'un ami et double sa dose hebdomadaire.
Ce que Nick découvre alors, c'est que la surconsommation fait chuter d'autant plus sa production de testostérone. «Dans les cas les plus graves, la consommation peut même être fatale: elle peut entraîner une mort cardiaque subite ou des tumeurs malignes de la prostate ou du foie. Les risques de maladies rénales et ainsi que les troubles de la sexualité et de la fertilité sont également des conséquences fréquentes de la consommation d'anabolisants» alerte ainsi Philip Bruggmann, co-médecin-chef en médecine interne au Centre zurichois de médecine de l'addiction (ARUD).
«Sur le moment, cela m'était égal, je voyais surtout le côté positif des choses» se souvient Nick, qui poursuit: «Alors oui: j'avais entendu à plusieurs reprises parler de consommateurs d'anabolisants qui souffraient d'une acné sévère, d'une perte de cheveux extrême. Et même d'un cancer de la prostate! Mais cela ne me faisait pas peur.»
30% des consommateurs d'anabolisants deviennent accros
Selon Philip Bruggmann, environ 200'000 personnes consomment des anabolisants en Suisse. «Des études nous ont appris qu'en cas de consommation régulière, jusqu'à 30% développent une dépendance.»
Et c'est précisément ce qui est arrivé à Nick: «A cause de l'andropause, je suis tombé dans une dépendance aux anabolisants.»
Pourtant, Nick ne peut pas s'arrêter et continue de gaver son corps d'anabolisants: «J'avais peur de tout perdre, de ne plus vivre toutes ces bonnes choses si j'arrêtais. Je ne voulais vraiment pas me sentir aussi mal qu'avant.»
Désespérément pris dans un cercle vicieux, Nick finit par demander de l'aide. Depuis juin, il est accompagné et a entamé un sevrage. Parallèlement, des médicaments l'aident à stabiliser sa production de testostérone. «Grâce aux médecins, je surmonte l'absence d'anabolisants bien mieux que je ne le craignais» se réjouit-il.
Des injections qui agissent comme des «cures anti-âge»
Selon Philip Bruggmann, l'ARUD propose une aide en cas de dépendance aux anabolisants. Mais Nick est loin d'être le profil-type des hommes pris en charge: «Ce sont plutôt des hommes entre 20 et 40 ans, qui recherchent a augmenter leur masse musculaire.»
Nick, lui, ne fait pas partie de ces hommes «qui cherchent à avoir un corps d'acier comme Arnold Schwarzenegger dans ses meilleures années». Les hommes comme lui veulent simplement une meilleure qualité de vie, malgré leur âge avancé. L'injection de testostérone est chez eux une sorte de cure anti-âge, explique le médecin.
*Nom modifié