Missiles, véhicules blindés...
Voici la nouvelle liste de courses de l'armée suisse

Le budget de l'armée devrait largement dépasser les 7 milliards de francs d'ici 2030. Cela permet d'envisager de nouveaux projets d'acquisition. Un document interne, obtenu par Blick, montre en détail où ces fonds supplémentaires seront investis.
Publié: 01.07.2022 à 06:40 heures
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Dernière mise à jour: 01.07.2022 à 10:51 heures
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D'ici 2030, le budget de l'armée devrait passer à plus de 7 milliards de francs. Pour le plus grand plaisir de la conseillère fédérale Viola Amherd.
Photo: TOTO MARTI
Ruedi Studer

L’armée aura plus d’argent dans les années à venir. D’ici 2030, le budget militaire devrait augmenter progressivement d’environ 300 millions de francs par an, pour dépasser largement les 7 milliards de francs. Le Parlement a donné son feu vert lors de la session d’été. Une grande question persiste: que va bien pouvoir faire l’armée de cette manne financière inattendue?

La ministre de la Défense Viola Amherd a déjà esquissé quelques idées devant le Parlement. Depuis, l’état-major de l’armée suisse a concrétisé ces propositions. Lors de la dernière séance de la commission de sécurité du Conseil des Etats, le commandant de corps Thomas Süssli a donné un aperçu du plan d’investissement de 2023 à 2027 lors d’une présentation Powerpoint. Il a en outre présenté la planification sommaire des achats jusqu’en 2035. Viola Amherd a participé à cette séance.

Leçons tirées de la guerre en Ukraine

Le document interne de 21 pages, daté du 23 juin, a pu être consulté par Blick. L’armée y fait référence à des enseignements importants tirés de la guerre en Ukraine: il est par exemple d’une importance décisive de disposer d’armes antichars modernes, d’une artillerie performante, mobile et à longue portée, mais aussi de véhicules blindés et de moyens de communication sécurisés contre les cyberattaques, détaille le document.

L’armée a également rappelé que des moyens lourds sont nécessaires pour reconquérir un terrain attaqué. Pour repousser des attaques aériennes et permettre des engagements au sol, il faudrait par exemple «des capacités de feu air-sol performantes, avec un effet dissuasif».

Des milliards de dépenses supplémentaires

La présentation contient également les dernières «valeurs de référence pour d’éventuelles acquisitions supplémentaires». Pour les prochaines années, les projets d’armement suivants figurent sur la «feuille de route» de l’armée, accompagnés d’une estimation du coût:

2023

  • Missiles PAC-3 MSE ultramodernes pour le système de défense antiaérienne «Patriot» (400 millions de francs)
  • Acquisition supplémentaire et équipement complet de véhicules pour les sapeurs de chars (200 millions)
  • Munitions supplémentaires (200 millions)
  • Fusils d’assaut et mitrailleuses supplémentaires (30 millions)

2024

  • Véhicules de commandement protégés Mowag Eagle V 6x6 pour remplacer les véhicules de commandement M113 âgés de plus de 60 ans (260 millions)
  • Missiles sol-sol à longue portée pour combler le déficit de capacité en matière de défense antichar (200 millions)
  • Crédit supplémentaire pour la plateforme de numérisation du centre de calcul du DDPS (130 millions)
  • Radar passif de surveillance aérienne (120 millions)
  • Valorisation des avions Pilatus PC-7 Turbo Trainer (60 millions)
  • Solutions d’encryptage uniformisées (50 millions)
  • Gestion standardisée des identités numériques (40 millions)
  • Crédit supplémentaire pour les systèmes de communication du système radio terrestre de vol 20 (20 millions)
  • Mini-drones pour la reconnaissance au niveau tactique (20 millions)

Pour les années suivantes, les coûts envisagés ne sont que sommairement résumés. Au total, les investissements s’élèveraient à environ 1,5 milliard de francs en 2025. Il est prévu de prolonger la durée d’utilisation des chars de combat Leopard, d’installer un radar partiellement mobile de plus grande portée pour la surveillance de l’espace aérien moyen et supérieur. L’achat de nouveaux véhicules de commandement protégés et de mini-drones est également planifié.

Ainsi, environ 2,8 milliards de francs seront investis pour 2026 et 2027. Parmi les principales dépenses figurent des pièces d’artillerie de sol à moyenne portée, qui doivent remplacer les obusiers blindés, ainsi que des pièces pour combattre des cibles dans l’espace aérien inférieur et moyen, comme les missiles de croisière, les drones armés ou les avions de combat. D’autres investissements sont envisagés: camions, véhicules de guerre électroniques ou véhicules pour les troupes du génie.

De nouveaux hélicoptères également sur la liste

Le document esquisse également les premières lignes de planification à moyen et long terme. Achats de capteurs aériens, d’hélicoptères et de moyens de défense sol-air figurent dans les prévisions pour 2028 à 2035.

L’état-major de l’armée souligne toutefois que les projets d’armement et les montants investis reposent sur l’hypothèse «que les dépenses de l’armée seront progressivement augmentées jusqu’à atteindre 1% du produit intérieur brut d’ici 2030».

Les responsables de l’armée ont également indiqué quels systèmes seront mis hors service au cours des prochaines années. Il s’agit notamment des avions de combat Tiger, du chasseur de chars 90, du système de défense antiaérienne Rapier et du Pilatus PC-9.

«Des investissements judicieux»

Avec ce document, l’armée fournit au Parlement une base solide pour les débats à venir. «L’armée a été constamment critiquée pour ne pas savoir quoi faire de ces fonds supplémentaires. Avec son nouveau plan d’investissement, elle a concrétisé ses besoins et réfute désormais cette critique en montrant comment investir ces fonds de manière judicieuse», assène le conseiller aux Etats UDC Werner Salzmann à Blick.

«Nous devons rétablir la capacité de défense de nos troupes dans les années à venir», explique le président de la commission de sécurité du Conseil des États.

Ce plan d’investissement n’est toutefois pas gravé dans le marbre. Les besoins peuvent changer en fonction de l’évolution de la situation. Le Parlement se prononce chaque année sur le budget de l’armement. Werner Salzmann souligne encore un autre défi qui attend l’armée suisse: «Si le monde entier s’équipe en raison de la guerre en Ukraine, l'on ne sait pas si nous pourrons nous procurer sur le marché tout ce dont nous avons besoin.»


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