Mesures de sécurité critiquées
Quel est vraiment le niveau de sécurité du Palais fédéral?

Un homme, qui souffrirait de troubles psychiques, a provoqué mardi une intervention de grande envergure au Palais fédéral. Les mesures de sécurité, pourtant étudiées après l'assaut du Capitole aux États-Unis, ont été beaucoup critiquées par les parlementaires.
Publié: 16.02.2023 à 06:23 heures
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Dernière mise à jour: 16.02.2023 à 08:04 heures
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Mardi, une alerte à la bombe a eu lieu à Berne.
Photo: keystone-sda.ch
Noa Dibbasey

Après l’alerte à la bombe de mardi, des critiques s’élèvent contre le plan de sécurité du Palais fédéral. Philipp Z.*, qui serait atteint de troubles psychiques, avait tenté d’y accéder en tenue de combat avant d’être arrêté. Un test rapide à l’explosif s’était révélé positif et sa voiture, garée au milieu de la Place fédérale, avait été longuement inspectée. Pendant ce temps-là, les parlementaires et les conseillers fédéraux ont dû être évacués. Après cinq heures, il s’est avéré que son véhicule ne représentait aucun danger.

La sécurité a été renforcée après l’attentat de Zoug

Toujours est-il que Philippe Z. n’est pas entré dans le bâtiment. Pas cette fois-ci, devrait-on dire. Il y a quelques décennies, ses murs étaient accessibles librement à presque tout le monde en Suisse.

L’attentat contre le parlement cantonal de Zoug a changé la donne. Le jeudi 27 septembre 2001, Friedrich Leibacher était parvenu à pénétrer dans le bâtiment du parlement zougois sans être inquiété. Il avait sur lui diverses armes à feu. L’assaillant avait commencé à tirer sauvagement autour de lui, tuant 14 politiciens et blessant plusieurs personnes en l’espace de quelques minutes. L’auteur de l’attentat s’était suicidé après l’attaque. Son motif? Il s’estimait victime de la politique zougoise.

Par la suite, des contrôles d’accès ont également été introduits au Palais fédéral. Seules les personnes disposant d’une autorisation spéciale peuvent pénétrer dans le bâtiment. Les invités peuvent seulement y accéder sur inscription et doivent passer par un détecteur de métaux. Les entrées et les sorties sont surveillées par des collaborateurs du Service fédéral de sécurité et de la police.

«Prise d’assaut du Palais fédéral»

D’autres mesures sont venues s’ajouter au cours des dernières années. Des bornes robustes ont été installées devant l’entrée principale et les vitres donnant sur la place fédérale ont été renforcées. Le bâtiment et la place sont en partie sécurisés par des barrières et d’autres mesures supplémentaires – la dernière fois en raison de manifestations d’opposants aux mesures Covid qui avaient dégénéré. Le directeur de la sécurité bernoise, Reto Nause, avait ensuite déclaré qu’une «possible attaque du Palais fédéral» avait été évitée.

Cela rappelle l'assaut du Capitole américain le 6 janvier 2021 par des partisans de l'ancien président Donald Trump. À la suite de cet événement, l’Office fédéral de la police (Fedpol) s’est informé à Washington sur les points qui se sont révélés défaillants au niveau sécuritaire.

En outre, la situation sécuritaire est depuis lors analysée en permanence par Fedpol, la police cantonale bernoise et le service de renseignement de la Confédération, pour renforcer les mesures devant être appliquées lors d’une manifestation ou d’autres menaces potentielles. Un exercice d’équilibrisme entre ouverture et sécurité.

Les mesures de sécurité de la Suisse sont-elles suffisantes?

Et pourtant, depuis l’attentat de Zoug, des personnes ont régulièrement pénétré sans autorisation dans le Parlement suisse. Comme dernièrement: un condamné du terrorisme et, peu après, des activistes climatiques qui ont perturbé les débats du Conseil avec une bannière. Tous s’étaient infiltrés sans problème au Palais fédéral lors de la session d’automne 2019. Les services du Parlement assurent par la suite avoir renforcé les mesures de sécurité. Mais les autorités ne précisent pas comment.

Et même après l’alerte à la bombe de mardi, elles restent muettes. Les responsables des questions de sécurité ont fait savoir à Keystone-ATS qu’ils allaient bientôt analyser systématiquement les procédures avec Fedpol. Aucune conclusion ne peut être tirée avant cela.

L'Office fédéral de la police a également fait savoir mercredi qu’un débriefing avait lieu après chaque intervention. Une porte-parole a déclaré à Blick qu’il était actuellement trop tôt pour parler des conséquences possibles.

Des concepts d’évacuation élaborés par divers services

Une chose est claire: la Chancellerie fédérale, qui est l’état-major du gouvernement, est responsable du Palais fédéral Ouest. Le Département de la défense, de la protection de la population et des sports (DDPS) s’occupe quant à lui du Palais fédéral Est, qui est son siège principal. Et les services du Parlement, l’état-major de l’Assemblée fédérale, sont maîtres du Palais du Parlement.

En cas de danger, ils décident des mesures à prendre pour chaque bâtiment. Si certaines doivent effectivement être prises, ils définissent le type et le rythme de l’évacuation. Tous travaillent en étroite collaboration les uns avec les autres, ainsi qu’avec Fedpol, au quotidien et pas seulement dans des situations exceptionnelles.

* Nom modifié


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