L’alerte a été levée peu après 19h ce mardi. La police cantonale bernoise a annoncé qu’elle avait pu – après des heures de tension et d’incertitude – lever le cordon de sécurité autour de la Place fédérale et du Palais fédéral. La police avait déployé les grands moyens: robots démineurs et chiens spécialement entraînés étaient de la partie. En cause: un Valaisan en tenue de combat avait cherché à pénétrer dans le Palais fédéral via sa terrasse peu avant 14h, après avoir garé sa Jaguar S-Type sur la Place fédérale. Mais il s’est finalement avéré qu’il n’y avait pas de danger.
Sur l'évacuation du Palais fédéral
«Revoir le dispositif d’évacuation»
Les élus avaient au préalable été sommés de quitter le bâtiment en trombe. Parmi les personnes évacuées se trouvait notamment le conseiller aux Etats PLR Andrea Caroni. Le Saint-Gallois a très peu apprécié l’expérience, c'est le moins qu'on puisse dire. La raison? Un manque d’information et de sécurité. «Nous devrions revoir le dispositif d’évacuation du Palais fédéral», a-t-il tonné au micro de la RTS ce mercredi matin.
Plusieurs élus ont accepté de nous narrer les événements. «Nous avons très rapidement quitté la salle de réunion», détaille le conseiller aux États Hannes Germann. La plupart des parlementaires avaient donc abandonné derrière eux valise, dossiers et ordinateur portable. Et parfois même porte-monnaie! «Mais nous ne savions même pas pourquoi, comme nous n’avons pas été informés officiellement», assène le politicien UDC. Ajoutant que les politiciens avaient «très vite remarqué que le personnel de sécurité était tendu».
La conseillère aux États Heidi Z’graggen était assise au milieu de la séance de la commission juridique lorsqu’on lui a demandé d’évacuer la salle, comme elle nous le raconte. Mais elle a vécu l'opération autrement d’Andrea Caroni et de Hannes Germann. Et même plutôt bien. «Je trouve que les événements se sont déroulés dans le calme, glisse-t-elle. L’alarme a été donnée calmement, mais fermement.»
«La décision d’évacuer était la bonne»
Le conseiller national Eric Nussbaumer siégeait lui aussi à la session d’hiver ce mardi après-midi lorsque l’évacuation a été ordonnée. «Je suis alors sorti très vite», explique-t-il sobrement. Tout comme Heidi Z’graggen, le socialiste soutient que la décision a été communiquée de façon tout à fait satisfaisante. Et que la suite des opérations était évidente pour tout le monde dès la première seconde: ils devaient sortir et se rendre au point de rassemblement.
Pour lui, la décision d’évacuer était clairement la bonne, martèle-t-il. Il faut préciser qu’Eric Nussbaumer est membre de la délégation administrative du Parlement. Celle-ci assume la direction suprême du Parlement, et également les questions de sécurité. Interrogé au sujet des critiques du concept d’évacuation, il avoue un petit dysfonctionnement. Mais pour le reste, tout roulait. «Il y a eu un petit embouteillage au niveau des portes tournantes du bâtiment du Parlement, c’est vrai, concède-t-il. Pour que tout le monde sorte, il a fallu un petit moment. Mais à aucun moment ce n’était la cohue!»
Les sas étaient engorgés
Son collègue de l’UDC Hannes Germann n’a pas le même point de vue. Il faut améliorer le processus, soutient-il. Les membres du Parlement ont dû se faufiler à travers les sas d’entrée, s’étonne-t-il. S’il avait fallu faire vite, la solution n’était donc pas bonne. Et la plupart n’avaient pas pris leurs valises, sinon «ça aurait été encore pire», ajoute-t-il.
Eric Nussbaumer admet que les portes battantes peuvent et doivent encore être discutées.: «Nous allons certainement y réfléchir au sein de la délégation de l’administration.» Mais il précise qu’on ne peut pas donner de modèle générique: le procédé dépend de la raison de l’évacuation. «Il a été très vite évident que le danger provenait de la voiture parquée sur la Place fédérale, détaille-t-il. Au point de rassemblement, tout le monde se trouvait ainsi en sécurité. Mais on aurait pu prendre une décision différente dans un autre cas.»
L’événement révèle les faiblesses de la sécurité
Toutefois, après avoir quitté le bâtiment, les parlementaires ont été dirigés vers Bellevue. On ne peut par conséquent pas soutenir qu'il y avait un lieu de rassemblement à proprement parler. «Personne ne savait exactement ce qui se passait et ce qu’il fallait faire», se souvient Hannes Germann. Il y a simplement eu un mouvement de la part des parlementaires, au milieu duquel se trouvaient plusieurs membres du Conseil fédéral, mais aussi des promeneurs, décrit-il.
Le conseiller aux États évoque aussi la vitesse d’évacuation et les obstacles liés à la structure du bâtiment. Le flou a régné à plusieurs reprises, assure-t-il.
Andrea Caroni surenchérit. «D’une fois que tout le monde était dehors, nous nous sommes rassemblés sur la place, sans aucune protection», tonne-t-il. Une situation que le conseiller aux États a qualifiée de «bizarre». Pour quelle raison? Le PLR n'y va pas par quatre chemins. «Cela aurait été le scénario idéal pour une attaque contre tous les députés présents», avance-t-il.
Des exercices d’évacuation ont lieu régulièrement
Les services de l’organe législatif de la Confédération sont responsables des plans d’évacuation. Blick a interrogé la responsable de la communication sur les suites à donner aux remarques des élus. «Les services du Parlement et l’Office fédéral de la police Fedpol analyseront rapidement les procédures et mettront en place les améliorations nécessaires», répond sobrement Karin Burkhalter. Mais on ne pourra tirer aucune conclusion auparavant, poursuit-elle.
«Des plans d’évacuation sont disponibles: ils ont été élaborés avec Fedpol et d’autres experts», précise-t-elle encore. Des exercices auraient lieu régulièrement, y compris avec le Conseil national et le Conseil des États. Elle ne peut toutefois pas donner d’informations ni sur le contenu des plans d’évacuation, ni sur d’autres détails relatifs à la sécurité.