Pendant deux jours, les Chambres fédérales se sont penchées sur la débâcle de Credit Suisse. Autant dire que la profession de banquier n'a pas été présentée sous son meilleur jour.
Le conseiller aux Etats socialiste soleurois Roberto Zanetti, par exemple, n'a pas hésité à rendre honneur aux braqueurs de banque, plus courageux, selon lui, que les argentiers classiques. «Je dois vraiment vous dire que j'ai plus d'estime pour un braqueur de banque ordinaire, car celui-ci prend un risque entrepreneurial considérablement plus élevé que tous ces petits malins de la Bahnhofstrasse et de Wall Street, qui se mettent en scène chez nous et qui viennent de mettre une banque dans le mur pour la deuxième fois!»
Marcel Rohner, président de l'Association suisse des banquiers, a, quant à lui, de la peine à comprendre les attaques verbales qui se généralisent envers sa profession: «En Suisse, plus de 100'000 personnes sont actives dans le secteur bancaire et font, chaque jour, du bon travail, déclare-t-il à Blick. Cela me fait mal de voir tous ces collaborateurs sérieux être ainsi discrédités à cause de quelques-uns.»
«Il est compréhensible qu'il y ait beaucoup de colère»
Sur le fond toutefois, le banquier assure comprendre le débat émotionnel qui a lieu au sein des chambres: «Après un tel événement, il est compréhensible qu'il y ait beaucoup de colère. Il est plutôt sain qu'une intervention aussi importante de l'Etat donne lieu à un débat fondamental», précise-t-il.
Marcel Rohner n'est pas satisfait du rejet politique et symbolique des crédits d'urgence par le Conseil national. «J'aurais espéré que les deux chambres approuvent. Cela aurait apporté plus de stabilité», fait-il remarquer.
Les marchés financiers ne semblent malgré tout pas impressionnés par le vote. Les titres UBS ou Credit Suisse sont en hausse à la bourse.
Une mise à jour impitoyable
Marcel Rohner exige qu'un examen approfondi de la débâcle de Credit Suisse soit mené. Pour lui, cela est particulièrement nécessaire: «Nous n'avons toujours pas une image complète de la situation. Nous ne savons pas à quel point la sortie des fonds des clients a été rapide et quel a été son impact. Nous ignorons aussi si la banque était encore solvable». Le banquier estime qu'il est important de connaître précisément le processus de décision qui a conduit à la reprise de Credit Suisse par l'UBS.
Pour lui, il est dans l'intérêt de toute la place financière d'examiner sans ménagement le naufrage de la deuxième banque suisse. L'Association suisse des banquiers fait-elle pression à ce sujet? «La demande d'éclaircissement est sur la table. J'ai bon espoir que les choses avancent et que les éléments soient traités en profondeur», assure Marcel Rohner. Ce n'est que lorsque tous les faits seront sur la table que des décisions pourront être prises en conséquence sur les nouvelles règles de la place financière.