Commençons par un petit quiz: j’ai vendu 75’000 billets de concerts en une année, mon album est devenu disque d’or en une semaine en Suisse. Je suis, je suis, je suis? Hé oui, sans le titre de cet article, vous auriez eu du mal à trouver. La réponse: Trauffer.
«Trauffer», c’est Marc A. Trauffer. Les Romands ne le connaissent pas alors que le quadragénaire originaire de Brienz (BE) est l’un des chanteurs suisses qui ont le plus de succès en ce moment.
Il aura bien du mal à acquérir une audience nationale pour une simple et bonne raison: il chante en dialecte. Ses tubes s’appellent «Müeh mit de Chüeh», «Geissepeter» ou encore «Sennesinger» et visent logiquement un public alémanique.
Cela fait bien longtemps que le maçon de formation a fait son trou de l’autre côté de la Sarine: dès le tournant du millénaire, avec son premier groupe, Airbäg. Il a fallu attendre 2008 pour que Trauffer se lance en solo avec l’album «Pallanza».
Le roi des jouets en bois
En 2014, avec «Alpentrainer», le charismatique chanteur de l’Oberland s’est positionné comme la réponse helvétique à l’Autrichien Andreas Gabalier. Comme lui, Trauffer se vit plutôt sur scène que dans les bacs — ou sur les sites de streaming, dit-on en 2021.
En parallèle de sa carrière musicale, le père de deux enfants a repris de ses parents dès 2009 la célèbre usine de jouets en bois qui porte le nom de la famille. Il en est encore le propriétaire aujourd’hui. Mais ce n’est pas tout: Marc Trauffer est aussi actif en politique dans sa commune natale d’Hofstetten ainsi qu’au musée Ballenberg.
En 2019, Trauffer a obtenu un immense écho en annonçant un duo avec Gölä. De son vrai nom Marco Pfeuti, (l’autre) Bernois, 53 ans, a beaucoup de similitude avec son cadet de 11 ans: c’est aussi une star en Suisse alémanique grâce à ses chansons en dialecte. De quoi former un duo de rêve, les «Büetzer Buebe». À peine leurs concerts annoncés au Letzigrund de Zurich que toutes les places étaient vendues. À cause de la pandémie, les concerts ont été repoussés en août 2022.
Et bientôt hôtelier!
L’été prochain risque d’être chargé pour Trauffer, puisque c’est en 2022 que son projet le plus ambitieux devrait voir le jour. Avec sa femme Brigitte, il veut ouvrir le «Trauffer Erlebniswelt», le paradis des Trauffer, dans leur commune de résidence.
Il s’agira d’un hôtel avec une centaine de lits et une place de jeux, un restaurant, un bistro-boulangerie, plusieurs salles de cours et de séminaires et un «monde d’aventure», dans lequel les visiteurs vont tout pouvoir savoir de la tradition et de l’artisanat des jeux en bois de Trauffer.
Le projet, ambitieux, représente un engagement en millions et à deux chiffres. Pas question d’avoir recours à des investisseurs, il s’est arrangé avec les banques pour tout payer de sa poche. «Je ne veux pas que quelqu’un m’influence en quoi que ce soit», déclarait-il récemment à Blick.
Cela vaut aussi pour la restauration: le chanteur et sa femme sont en train de faire la patente, Marc veut même devenir sommelier spécialisé dans le fromage. Avec son hôtel, le couple va créer 40 places de travail.