Ambiance tendue à Bâle, ce samedi. L’Union démocratique du centre (UDC), qui avait prévu une manifestation avec un stand au cœur de la ville rhénane, «L’UDC proche des gens» («SVP bi de Lüt», en Suisse-allemand), n’avait pas forcément anticipé de voir sa journée perturbée par un groupe de contre-manifestants. Parmi ses représentants sur place, le conseiller fédéral Ueli Maurer et les conseillers nationaux Thomas Aeschi et Magdalena Martullo-Blocher.
Une contre-manifestation du groupe de gauche radicale «Bâle sans nazi» (Basel Nazifrei) a eu lieu dès le matin. Une quarantaine de personnes masquées arborait notamment une banderole «Les gens contre l’UDC» («D’Lüt gege d’SVP»), une manière de dire que le parti conservateur n’avait pas le monopole du peuple.
Tirs de balles en caoutchouc
La police s’est rendue sur place et a tenté de maintenir le groupe à l’écart du stand de l’UDC, où s’étaient rassemblées environ 150 personnes. Elle a fini par tirer plusieurs balles en caoutchouc contre les contre-manifestants, «après leur avoir demandé à deux reprises de se retirer», comme indique un communiqué des autorités.
«C’est la première fois que j’entendais des tirs de balles en caoutchouc, réagit Magdalena Martullo-Blocher. Je me suis rendue à beaucoup de manifestations avec mon père (ndlr: Christoph Blocher) quand j’étais enfant, ça n’est jamais arrivé.»
Dans la foulée, elle dénonce une instrumentalisation des groupes de gauche radicale lors de telles manifestations, tout comme, dit-elle «les éléments venus de l’étranger qui viennent participer aux manifestations pour le climat». «Si on laisse ces choses se passer, on risque une escalade. Mais on ne se laisse pas intimider, on continue de venir parler avec les gens.»
«La Suisse est un État policier»
Lors de l’interview de Thomas Aeschi par nos collègues alémaniques, et alors qu’il remerciait les policiers pour leur intervention, un homme vient s’interposer entre le micro et le politicien. «C’est un État policier, ici, comme en Russie! La Suisse est un État policier», dénonce-t-il.
La conversation, difficile, s’installe. «L’UDC a peur des critiques, voilà pourquoi on réagit», explique l’homme. Thomas Aeschi répond: «Voulez-vous discuter?», s’ensuit: «Non, vous avez assez de plate-formes pour vos discours racistes.» Le dialogue de sourds continue encore quelques minutes, avant que l’homme ne s’éloigne.
De son côté, Ueli Maurer a lancé une pique à l'adresse des manifestants: «Nous sommes prêts à discuter. Ce que nous proposons, c'est la démocratie, contrairement à ceux qui nous font face», a-t-il asséné.