Les fonctionnaires de Genève ne sont vraiment pas contents et le font savoir, ce jeudi 23 novembre face à l'Hôtel-de-Ville — où le Grand Conseil tient également séance. Slogans, casseroles et pancartes sont au rendez-vous. Ils et elles sont en grève depuis 15 heures, et huent le Parlement à ses portes pour protester contre les coupes budgétaires. Les mécontents demandent aussi une indexation des salaires à 5% (contre les 1% proposés par le gouvernement).
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Cette foule — d'apparence assez hétéroclite — n'est certes pas représentative des 19'000 employés de l'État genevois. Mais ils et elles sont tout de même quelque 500 fonctionnaires à en avoir assez gros sur la patate pour descendre dans la rue.
Blick a voulu se faire une idée des profils socio-économiques présents, parmi les mécontents. On a posé une question très simple — et pourtant assez tabou, en Suisse — à une poignée de manifestants (et pas que des enseignants), interpellés complètement au hasard dans la foule: «Au fait, vous gagnez combien, net, par mois?».
À titre de comparaison, le revenu net moyen à Genève serait d'environ 4400 francs par mois. Quelque 18% de la population gagnerait cependant plus de 8000 francs, d'après des chiffres de la Confédération (pour 2018), relayés par «Watson».
Les profs
Debout parmi les drapeaux des syndicalistes (rameutés par le Cartel syndical), une jeune trentenaire, mariée avec deux enfants à charge, accepte de nous parler de son salaire. Lauriane est enseignante stagiaire au secondaire, à 50%. Elle gagne 3000 francs par mois. La prof nous confie: «Heureusement que mon conjoint a un vrai salaire… Sinon, je ne pourrais pas vivre.»
Non loin d'elle se tient Nicolas, la quarantaine, marié et père de trois enfants. Enseignant au cycle d’orientation à 100%, il gagne, lui, 9700 francs par mois. Pourquoi est-il venu faire entendre son mécontentement? «Les indexations devraient se faire naturellement. Tout augmente, sauf les salaires...», rétorque le père de famille.
Patrick, lui aussi dans sa quarantaine, n'a quant à lui pas de personnes à charge. Enseignant au secondaire à 80%, il empoche 6500 francs par mois. «Mais je n’ai touché mon premier salaire d’enseignant qu’à trente ans.» Moritio, que nous interpellons juste après, est de la même génération. Père d'un petit garçon, il est à 6800 francs pour un 80% au cycle d'orientation et au post-obligatoire.
Françoise*, à l’aube de la retraite, est professeure en Faculté de psychologie et des sciences de l'éducation, à l’Université de Genève. Elle peut compter sur une somme de 9500 francs par mois, pour un taux d'occupation à 100%. Pour elle, ce n'est pas parce que tout ne va pas si mal, que ça va bien: «Bien sûr qu’on est relativement bien lotis. Mais les gens auraient dû gagner plus, si les indexations avaient suivi.»
Les autres
Parmi les personnes venues manifester, les enseignants semblent en majorité, certes. Mais ce n'est pas le seul profil présent: des employés de bureaux, ou encore des gendarmes sont aussi de la fête, parmi d'autres. Et puis des personnes qui n'ont même pas souhaité nous dire quel poste elles occupaient: «Je ne suis vraiment pas sûre d'avoir le droit de vous parler, je ne veux pas de représailles», a par exemple rétorqué une jeune femme face à notre requête.
David, la trentaine, est marié, mais n'a pas d'enfants. Il travaille à la gendarmerie (et ne souhaite pas nous en dire plus sur son poste), avec un salaire de 6500 francs à 100%. Sandrine est, quant à elle, mère célibataire d'un enfant en bas âge. Cette quarantenaire est secrétaire dans un centre professionnel, et gagne 4300 francs à 80%. Elle grimace: «Non, ce n'est pas toujours facile, non...»
Jean a la bonne quarantaine, et semble un peu cabossé par la vie. Il est animateur dans le parascolaire à temps partiel. Il affirme: «Heureusement que je n’ai pas d’enfants à charge! Quand on travaille à 50% dans le parascolaire, on gagne un peu plus de 2000 balles par mois… Je suis à 2300 francs net.»
*Le prénom a été modifié