Malgré la promesse de 100 millions du CEO
Une large alliance de conseillers nationaux veut privatiser Swisscom

Le rachat de Vodafone Italia à hauteur de plusieurs milliards est fixé. Le patron de Swisscom promet beaucoup plus d'argent à la Confédération mais de nombreux conseillers issus de partis bourgeois veulent vendre l'entreprise publique.
Publié: 17.03.2024 à 16:29 heures
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Une large alliance de conseillers nationaux de l'UDC, du PLR, du Centre et des Vert'libéraux veut privatiser Swisscom.
Photo: ZVG
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Thomas Schlittler

Swisscom a annoncé le rachat de Vodafone Italia pour huit milliards d'euros. Ceux qui espéraient que le gouvernement fédéral stoppe cette transaction controversée à la dernière minute ont été déçus vendredi. «Le Conseil fédéral a été informé suffisamment tôt de l'intention d'achat», a indiqué le Département de l'environnement, des transports, de l'énergie et de la communication (DETEC). Il a été constaté qu'un rachat ne s'opposait pas aux objectifs stratégiques de la Confédération.

Le parti du chef du DETEC, Albert Rösti, voit les choses différemment. «L'UDC est fermement opposée à l'aventure italienne de Swisscom», déclare le conseiller national Franz Grüter. Selon lui, l'entreprise a perdu par le passé de nombreux milliards en effectuant plusieurs rachats à l'étranger. «Nous considérons donc que c'est une grave erreur que le Conseil fédéral ait donné son aval à l'achat de Vodafone Italia.»

Franz Grüter est conscient qu'il n'est plus possible de revenir en arrière. Mais il veut faire voter une motion pour que le Conseil fédéral fasse en sorte que les rachats d'entreprises à l'étranger ne soient plus possibles.

Par ailleurs, Franz Grüter affirme que lui et «une grande partie de l'UDC» soutiennent la motion du président des Vert'libéraux Jürg Grossen, qui demande une «privatisation complète ou une scission de Swisscom». L'intervention parlementaire, également déposée vendredi, charge le Conseil fédéral d'élaborer un projet dans ce sens. Le projet est soutenu par 28 conseillers nationaux issus de tous les partis bourgeois: 11 d'entre eux proviennent de l'UDC, 10 du PLR, 4 du Centre et 3 des Vert'libéraux.

«Nous savons à quoi nous en tenir»

Jürg Grossen justifie ainsi sa demande: «L'objectif de cette motion est de trouver un moyen pour qu'une Swisscom SA (partiellement) privatisée puisse continuer à assumer avec succès son rôle de leader dans le secteur des télécommunications, tout en protégeant et en promouvant les intérêts de la population et de l'économie suisse.»

Le CEO de Swisscom, Christoph Aeschlimann, ne souhaite pas s'exprimer sur la discussion relative à la privatisation. Il s'agit d'une «question politique». Pour Swisscom, il est décisif d'avoir un actionnaire principal qui soutienne la «stratégie de croissance et d'investissement» du groupe. «Jusqu'à présent, la Confédération nous a toujours soutenus dans cette démarche. Nous espérons qu'il en sera de même à l'avenir.»

Christoph Aeschlimann est convaincu que les chances d'acquérir Vodafone-Italia sont «bien meilleures» que lors de précédentes acquisitions à l'étranger: «Swisscom est présent en Italie depuis 17 ans et connaît très bien le marché. Nous savons dans quoi nous nous engageons.»

La direction de Swisscom tente de rendre la reprise attrayante aux yeux des politiques en proposant des incitations monétaires. Si la reprise se déroule comme prévu, il sera possible d'augmenter le dividende de 22 à 26 francs par action à partir de 2026, a déclaré Christoph Aeschlimann. «Notre actionnaire principal, la Confédération, devrait recevoir environ 100 millions de francs de plus par an de la part de Swisscom.» Par les temps qui courent, l'argument pourrait faire mouche.

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