Les vacanciers juifs orthodoxes et les Grisons ne font pas bon ménage. Le conflit qui oppose le canton et les voyageurs juifs dure depuis des années. «Ça bouillonne», résumait le CEO de la firme touristique Davos Klosters Reto Branschi à propos de la situation à Davos (GR), lors une interview accordée l'automne dernier à la «Davoser Zeitung».
Aujourd'hui, la commune fait à nouveau la une des journaux. Et pour cause: la station de montagne de Pischa, dans la ville de la tourmente, ne loue plus de luges et de skis aux juifs. Une affiche postée dimanche sur X par le conseiller municipal zurichois Jehuda Spielman a mis le feu aux poudres. La raison de cette mesure? «Divers incidents fâcheux».
Face à cette révélation, la Fédération suisse des communautés israélites (FSCI) est hors d'elle: «Qu'une telle affiche soit affichée publiquement sur une montagne suisse est effrayant», a déclaré le secrétaire général Jonathan Kreutner à «20 Minuten». Et l'incident actuel n'est pas le premier du genre dans les Grisons. Petit tour d'horizon sur la situation.
Un hôtel oblige les clients juifs à prendre une douche avant une baignade
En 2017, une affiche dans l'immeuble d'appartements Paradies, à Arosa, a provoqué l'indignation. On pouvait y lire: «À nos clients juifs: veuillez prendre une douche avant et après la baignade dans notre piscine, sans quoi nous serons contraints de vous bloquer l'accès à la piscine.» Même les médias israéliens avaient relayé cette affiche à l'époque, qui évoquait de terribles souvenirs de la Seconde Guerre mondiale selon leurs dires. Pendant l'ère nazie, six millions de Juifs ont été tués dans des douches à gaz.
Davos s'insurge contre une célébration de la thora
En août 2019, 2000 juifs ont pris part à une célébration de la Torah à Davos. Pendant la cérémonie, une rue principale de la ville est restée bloquée, provoquant le mécontentement de certains habitants. Le député UDC Conrad Stiffler avait posté des images de la procession sur Facebook en écrivant: «Nous en sommes là. Incroyable.» Sous le post, les commentaires malveillants se sont multipliés: «Nous ne sommes pas en Israël. Nous sommes en Suisse», ou encore«Notre patrie est perdue.» La Fédération suisse des communautés israélites avait qualifié les commentaires de «sous la ceinture, blessants et de mauvais goût». L'auteur du post lui-même n'a plus voulu s'exprimer sur son post Facebook après toutes ces réactions. «Cela a déjà créé beaucoup trop de remue-ménage», déclare-t-il à Blick.
Les maisons de vacances rejettent les juifs
Une vacancière juive voulait organiser une réunion de famille dans les Grisons l'été dernier. Suite à sa demande de réservation pour une maison de groupe à Parpan (GR), Channah Feldinger avait reçu le mail suivant: «Malheureusement, nos maisons ne répondent pas aux exigences des groupes juifs orthodoxes stricts et des voyages de fin d'études. Comme nous ne voulons empêcher personne de pratiquer sa foi, et en raison de notre expérience avec nos maisons (dommages et plaintes), nous ne pouvons malheureusement pas vous faire d'offre de location». L'entreprise en question a confirmé le cas à Blick. Elle justifie sa prise de position par des expériences négatives par le passé. «Les dommages sont souvent si importants que nous ne pouvons pas les réparer pour le groupe suivant. Nous ne pouvons donc pas garantir au groupe suivant la qualité promise.» La famille Feldinger s'est montré consternée face à cette injustice et a qualifié ce refus de «raciste».
Une solution en vue?
En 2019, le projet de la FSCI «Likrat Public» devait permettre de débloquer cette situation problématique. Des médiateurs se sont rendus à Davos pour servir d'intermédiaire culturel entre les hôteliers et les vacanciers juifs orthodoxes. Mais l'été dernier déjà, Davos Tourisme a mis fin à cette collaboration.