«Ma candidature a été convenue avec Dieu»
Markus Ritter exhibe sa foi chrétienne dans sa course au Conseil fédéral

Alors que l'élection du successeur de Viola Amherd se rapproche, le candidat du Centre Markus Ritter n'a pas peur de célèbrer sa foi en public et demande même à ses supporters de prier pour lui. Une attitude appropriée sous la Coupole?
Publié: 06:00 heures
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Le Zougois Martin Pfister (à gauche) et le Saint-Gallois Markus Ritter sont tous deux catholiques.
Photo: keystone-sda.ch
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Joschka Schaffner

En politique, la foi est une affaire privée. Mais chez le candidat du Centre Markus Ritter, cela ne va pas de soi: le patron des paysans, catholique conservateur accompli, a demandé à ses partisans, évangéliques pour la plupart, de prier pour lui. Il s'est fait bénir publiquement et a même annoncé qu'il se rendrait en pèlerinage à Flüeli-Ranft, dans le canton d'Obwald, où se trouve l'ermitage du saint Nicolas de Flüe, la veille de l'élection.

Cette stratégie et les liens que Markus Ritter entretient avec l'Eglise interrogent. «Pour beaucoup, le fait que Monsieur Ritter célèbre sa foi en public est contraire au devoir d'un homme politique, explique Antonius Liedhegener, professeur de politique et de religion à l'Université de Lucerne. Dans une société fortement décléricalisée, cela peut entraîner une forte réaction de rejet.»

En Suisse, la religion est relativement considérée comme un facteur de cohésion sociale, certes, mais elle possède aussi une histoire plus sombre, notamment lorsqu'il a été question de légitimer une prise de pouvoir. Sur notre territoire, les sans confession sont depuis deux ans le groupe le plus important: 35,6%. Un tiers est catholique (30,7%) et un cinquième évangélique réformé (19,5%).

Le Palais fédéral reste très chrétien

Au Conseil fédéral, en revanche, les membres de l'Eglise dominent. En effet, six des sept membres appartiennent à une église: Viola Amherd, Ignazio Cassis et Karin Keller-Sutter sont catholiques; Elisabeth Baume-Schneider, Guy Parmelin et Albert Rösti sont protestants; seul Beat Jans est sans confession.

«Ma foi me porte», avait déclaré l'année dernière Karin Keller-Sutter lors d'un entretien avec l'abbé d'Einsiedeln Urban Federer. Mais les détails de sa pratique reste privée. De façon générale, même si nos ministres participent à des évènements religieux, ils prennent soin de ne pas exhiber cela au public.

L'adversaire de Markus Ritter, Martin Pfister, partage cette démarche: «Ma foi reste intime», avait-il déclaré au journal «Le Temps». Ainsi, la stratégie pieuse de son confrère religieux apparait de plus en plus comme une erreur tactique.

«Les membres du gouvernement restent eux aussi des êtres humains avec leur propre histoire et leur ancrage social. Et la religion en fait partie», explique Antonius Liedhegener. C'est juste, tant que cela ne remet pas en question les principes de l'État de droit et de la démocratie.

«Convenue avec Dieu»

L'attitude de Markus Ritter a déjà soulevé des contradictions au sein de son propre parti, aussi religieux soit-il dans son ADN. Avec ce ticket, Le Centre met en avant un candidat qui représente pour ainsi dire le contraire de la nouvelle image qu'il essaie de se forger.

Et il ne faudra pas compter sur lui pour calmer les esprits: sa candidature a été «convenue avec Dieu», a confirmé Markus Ritter dans une interview pour Tamedia. Et son pèlerinage à Flüeli-Ranft n'est pas un caprice, mais «une nécessité», dont il a besoin pour se sentir exister.

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