Ils sont petits et mignons, mais jusqu'à ce qu'ils arrivent en Suisse, c'est souvent un sale business. Les chiots achetés à l'étranger et amenés en Suisse sont souvent au centre d'un trafic mafieux. La Suisse est un paradis pour le commerce illégal de chiots en provenance de l'étranger, assure la «Berner Zeitung». Le commerce est florissant. La Protection suisse des animaux (SPA) estime qu'environ 40% des importations de chiots en Suisse sont de nature illégale. Cela représente environ 10'000 à 14'000 chiens par an.
Les règles trop laxistes en Suisse, qui peuvent être facilement contournées, permettent ce commerce. Mais cela doit changer. Le Conseil fédéral veut lutter contre cette mafia et interdire l'importation de chiots de moins de 15 semaines. L'année dernière, près de 30'000 chiens ont été importés sur notre territoire. Près de 9600 d'entre eux étaient âgés de moins de 15 semaines, selon les chiffres de la statistique animale Identitas.
A lire sur le sujet
Les cantons critiquent la nouvelle règle
«Derrière de très nombreuses offres de jeunes chiens à l'étranger se cachent souvent des éleveurs sans scrupules qui ne se soucient pas du tout du bien-être des animaux, mais uniquement du profit», explique Lucia Oeschger de la SPA. C'est pourquoi ils soutiennent la nouvelle règle, que de nombreux pays européens, comme l'Allemagne, connaissent déjà.
Mais la critique vient de plusieurs cantons. Certes, ils veulent, eux aussi, renforcer la lutte contre l'importation de chiots, mais cette nouvelle réglementation n'agit pas au bon endroit. «L'introduction de la limite d'âge à l'importation n'aura aucune influence sur ce commerce illégal», précise le canton de Zurich. Le travail des offices vétérinaires et des autorités pénales augmentera massivement. Pour endiguer le commerce illégal de chiots, il faut impliquer les autorités étrangères. «Par exemple, qu'elles confirment qu'il s'agit bien d'un éleveur affilié à une fédération d'élevage.» Il faudrait d'ailleurs des mesures drastiques en cas d'infraction.
Le canton de Berne s'exprime dans le même sens: «Si la frontière extérieure de l'UE fonctionnait ou si les pays voisins assumaient leurs obligations, plus aucun chiot de moins de 15 semaines n'entrerait en Suisse.» Le canton de Thurgovie salue lui aussi cette orientation, mais craint que les éleveurs de l'étranger ne trouvent d'autres moyens pour faire entrer malgré tout les jeunes chiens en Suisse. L'Association des vétérinaires cantonaux suisses a également des doutes, indique le canton. Deux réglementations d'exception échouent auprès des cantons.
La Suisse trop attractive
Lucia Oeschger, de la Protection suisse des animaux, affirme que le problème ne disparaîtra pas avec la nouvelle ordonnance: «Malgré tout, il est extrêmement important que nous introduisions rapidement la règle des 15 semaines.» Selon elle, la Suisse est jusqu'à présent trop attractive. «J'ai reçu des chats de marchands de chiens étrangers qui se moquent de la Suisse.»
Lucia Oeschger estime qu'il pourrait bien y avoir un surcroît de travail pour les autorités pendant la phase de transition: «Mais déjà aujourd'hui, les nombreuses importations erronées représentent un gros travail pour les autorités douanières. Il règne souvent une insécurité juridique, qui est actuellement causée par les lacunes de la loi». Pour eux, les adaptations de l'ordonnance devraient aller encore plus loin. «Dès que la réglementation sera plus stricte pour les chiens, les commerçants se tourneront tout simplement vers le commerce des chats de race», craint-elle.
L'Office fédéral de la sécurité alimentaire et des affaires vétérinaires écrit qu'actuellement, les prises de position sont évaluées. Le Conseil fédéral prendra ensuite une décision. L'ordonnance révisée devrait entrer en vigueur au premier trimestre 2025.