Dans la tempête, Korab Rashiti, député de l’Union démocratique du centre (UDC) au Grand Conseil bernois, tient à clarifier son cap. Selon lui, son entretien accordé à la plateforme romande d’extrême droite La Hallebarde, dans lequel il dit soutenir «les actions rhétoriques» du groupuscule identitaire Junge Tat contre «l’idéologie woke», ne doit pas être compris comme un appui à l’organisation surveillée par les autorités qu’il qualifie lui-même au bout du fil de «néonazie».
Le parlementaire cantonal francophone, qui se décrit comme un libertarien, revendique en outre le fait de parler avec les extrêmes. Pour ce Biennois aujourd’hui domicilié à Gerolfingen, «la seule voie est le dialogue démocratique». Interview cash.
Korab Rashiti, soutenez-vous le groupuscule identitaire Junge Tat?
Absolument pas. Vous pointez un échange entre la rédaction de La Hallebarde (ndlr: une plateforme d’extrême droite) et moi. Il s’agissait d’une confrontation, dans laquelle on constate une différence notable entre ma position libérale, celle de ce média et celle de Junge Tat.
Dans cet entretien, vous dites pourtant précisément soutenir «les actions rhétoriques» de Junge Tat contre «l’idéologie woke». Vous n’assumez plus vos propos?
Mon soutien s’inscrit uniquement dans cette lutte contre l’idéologie woke. J’exprime par ailleurs en longueur et en largeur à quel point, à mes yeux, Junge Tat se trompe sur tout le reste. Pour moi, il est clair qu’on ne peut pas faire n’importe quoi et qu’il faut respecter l’État de droit.
À l’instar de votre camarade Lionel Dugerdil, président de l’Union démocratique du centre (UDC) Genève, diriez-vous que Junge Tat est une organisation néonazie?
Faisons de la sémantique. Le terme «néonazi» veut dire nouveau national socialisme. Dans l’entretien que je donne à La Hallebarde, je critique justement l’approche trop étatisée de Junge Tat. En cela, il est donc correct de qualifier cette organisation de néonazie. C’est un immense problème.
Mais n’est-ce pas également un problème que d’apporter son soutien, même partiel, à une organisation que vous qualifiez vous-même de néonazie?
Je ne soutiens pas l’organisation, mais son combat contre l’idéologie woke. En Suisse, nous pouvons critiquer les idéologies, qu’elles soient politiques ou religieuses. Et la lutte contre le wokisme et un combat beaucoup plus large, qui réunit des voix de l’UDC jusqu’au Parti socialiste. Il m’est aujourd’hui insupportable que certains puissent imaginer que je soutiens de néonazis et donc l’étatisme. C’est tout le contraire de mon engagement politique public et privé depuis toujours. J’invite les personnes qui en douteraient à éplucher l’ensemble de mes positions au Grand Conseil, par exemple. J’ai toujours été clair et dans la même ligne.
En discutant avec une plateforme d’extrême droite telle que La Hallebarde, n’entretenez-vous pas au contraire le flou autour de votre positionnement?
Je l’ai fait pour les mettre face à leurs contradictions. Il ne faut pas les stopper, mais leur apporter des réponses libérales. Je crois sincèrement que la seule voie est le dialogue démocratique. Aux invectives, je préfère les arguments.