Lisa Mazzone, directrice de campagne des Vert-e-s
«Les gens doivent comprendre la situation: la maison est en feu»

Les Vert-e-s ont perdu des plumes lors des élections zurichoises dimanche. Pour leur directrice de campagne en vue des fédérales d'octobre, la Genevoise Lisa Mazzone, il n'y a pourtant pas lieu de s'inquiéter, mais c'est le moment de mettre les bouchées doubles.
Publié: 14.02.2023 à 08:20 heures
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Dernière mise à jour: 14.02.2023 à 13:08 heures
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Les Vert-e-s ont perdu des plumes lors des élections à Zurich et Bâle-Campagne. Sur la photo: le président du parti Balthasar Glättli (à gauche) et le conseiller d'Etat zurichois Martin Neukom, réélu ce dimanche.
Photo: keystone-sda.ch
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Lea Hartmann

Le président des Vert-e-s Balthasar Glättli n’avait pas de quoi se réjouir ce dimanche. Son parti a perdu cinq sièges au total lors des élections cantonales à Zurich et Bâle-Campagne.

Que signifie ce revers en vue des élections fédérales de cet automne? Blick a posé la question à Lisa Mazzone, conseillère aux États genevoise et directrice de campagne des écologistes.

Les politiciens et les partis ont l’habitude d’enjoliver les choses. J'imagine que vous allez nous dire que ce dimanche d'éléctions cantonales à Zurich et Bâle-Campgane ne s'est pas si mal passé pour les Vert-e-s...
Oui, et c’est vrai! Il faut remettre les choses en perspective. Nous avions beaucoup progressé il y a quatre ans. Depuis, nous n'avons perdu que quelques sièges, mais nous restons un parti important. Les résultats de ce dimanche le prouvent d'ailleurs: voter vert n’est pas une simple mode. Par exemple, deux de nos conseillers d’État — Martin Neukom à Zurich et Isaac Reber à Bâle-Campagne — ont été brillamment réélus. C’est un signal très positif: les électrices et électeurs leur font confiance et reconnaissent leur travail.

Tout de même. Au niveau des parlements, les Vert-e-s ont perdu trois sièges à Zurich et deux à Bâle-Campagne. N'est-ce pas là le signe de l'effondrement de la fameuse vague verte de 2019?
Au vu de la crise climatique et de son urgence, je suis convaincue que ce n’est pas le cas. Si nous voulons vraiment inverser la tendance en matière de protection du climat et de la nature, c'est le bon moment pour le faire. Les scientifiques appellent à agir de toute urgence: nous devons absolument sortir des énergies fossiles et préserver la biodiversité.

Votre président, Balthasar Glättli, a déclaré ce dimanche que le succès des Vert-e-s de ces dernières années pourrait en fait vous avoir porté préjudice. Vous êtes-vous reposés sur vos lauriers?
Mobiliser les gens, c'est un vrai défi. Pour nous, c'est là que le bât blesse. Nous devons mieux mettre en avant nos succès. Peu de gens savent par exemple que, grâce à nous, les Vert-e-s, le soutien aux énergies renouvelables se poursuivra après 2022! Les gens doivent bien saisir l'urgence de la situation actuelle: notre maison est en feu. La Suisse manque de leadership au moment de faire passer des solutions ambitieuses et prendre le tournant écologique.

Lors des élections fédérales de 2019, la mobilisation des jeunes pour le climat avait contribué au succès des Vert-e-s. Entre-temps, les militantes et militants semblent avoir perdu la sympathie d'une bonne partie de la population. Les activistes nuisent-ils aujourd'hui à votre parti?
Non, nous sommes des organisations différentes. Les moyens que les militantes et militants choisissent ne sont pas les nôtres. Nous nous battons tous les jours au Parlement pour une meilleure politique climatique et plaidons pour des avancées concrètes, comme le financement des énergies renouvelables. D'autre part, de nombreuses personnes qui étaient descendues dans la rue en 2019 se sont politisées par la suite. Nous avons gagné 3000 membres depuis.

La donne de départ n'est pas simple pour les Vert-e-s. Guerre, crise énergétique et inflation sont autant d’événements qui profitent généralement aux conservateurs.
C’est surtout une période où de nombreuses décisions ne sont pas prises par le Parlement, mais par le Conseil fédéral. Il est ainsi regrettable que nous n'y soyons toujours pas représentés. Le fait que nos conseillers d’État aient été réélus à Zurich et Bâle-Campagne avec de très bons résultats montre bien que nous pouvons assumer des responsabilités gouvernementales. Et pour terminer, mettre de côté la discussion sur la crise climatique aura pour effet de laisser le problème s’aggraver.

Mais si la tendance observée à Zurich et à Bâle-Campagne devait se confirmer au niveau fédéral, les Vert-e-s pourraient enterrer leurs ambitions d'entrer au Conseil fédéral...
Pas du tout! Dans ces deux cantons, nous continuons à faire un score à deux chiffres. Depuis 2019, nous avons en outre gagné 46 sièges dans les cantons. En ce sens, notre droit à un siège au Conseil fédéral est toujours d'actualité. J’aime rappeler qu’en 2019, le PDC (ndlr: aujourd'hui, Le Centre) s’est vu attribuer un siège au Conseil fédéral alors qu'il représentait 11,4% de l’électorat. La formule magique n’est définitivement plus dans l'air du temps. Pour relever le plus grand défi de notre époque, nous avons besoin des Vert-e-s au sein du Conseil fédéral.

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