Avec leur initiative sur les successions, les jeunes socialistes suisses veulent imposer à l'avenir les fortunes de plus de 50 millions de francs à 50%. Un projet qui reste en travers de la gorge des plus fortunés. Certains ont même déjà annoncé qu'ils quitteraient la Suisse si l'initiative était acceptée.
Les chiffres actuels de la Grande-Bretagne, où les politiques réfléchissent également à une augmentation des impôts pour les riches, montrent clairement que cette fuite de capitaux n'est pas une menace en l'air. Cette année, quelque 9500 personnes fortunées – soit environ 7% de la population millionnaire – devraient quitter la Grande-Bretagne, selon les chiffres de Henley & Partners. «Il suffit d'une petite incertitude pour que les personnes fortunées réagissent», explique l'avocat Ariel Sergio Davidoff du cabinet Lindemann Law.
En Suisse, vous intégrez le «club des 1%» à partir de cette fortune
Quoi qu'il en soit, l'initiative jeunes socialistes a mis la lumière sur ceux qui sont considérés comme riches. Pour en faire partie, il faut intégrer le «club des 1%» des personnes les plus fortunées. Pour l'intégrer, il faut disposer d'une fortune supérieure ou égale à 8,5 millions de dollars, d'après les données du prestataire de services immobiliers Knight Frank.
Fait surprenant: le ticket d'entrée pour intégrer ce club n'est pas le plus élevé en Suisse, devancée par le paradis fiscal de Monaco et le riche petit Etat du Luxembourg. En Chine, il faut disposer d'un peu plus d'un million de dollars pour faire partie des 1% les plus riches.
Les seuils de fortune ont également baissé. Certes, 8,5 millions de dollars, c'est déjà pas mal. Mais ceux qui disposent de cette somme ne sont pas pour autant à l'abri. Car en Suisse, elle ne permet de vivre dans le luxe que... quelques années.
La Suisse au classement mondial des pays abritant des super-riches
Les banques utilisent un autre critère pour classer les fortunes. Les banques privées considèrent généralement qu'un personne est HNWI (soir High-Net-Worth individual, soit une personne riche) si elle dispose d'une fortune de 30 millions de dollars. Les clients VIP des gestionnaires de fortune se situent donc bien au-dessus du seuil d'imposition fixé par l'initiative des jeunes.
Selon les données de Knight Frank, seules 14'734 personnes faisaient partie de ce groupe de fortune en Suisse l'année dernière. Et à l'échelle mondiale, ce chiffre montait à 630'000 d'individus.
La Suisse compte donc un grand nombre de super-riches par rapport à sa population. L'Allemagne, par exemple, ne compte que dix fois plus d'habitants que la Suisse. Pourtant, les UHNWI n'y sont que deux fois plus importants qu'en Suisse. L'Inde, pays le plus peuplé du monde, compte même moins de super-riches que la Suisse.
En revanche, c'est aux Etats-Unis et en Chine que l'on trouve le plus grand nombre de super-riches. Peut-être que les jeunes socialistes suisses devraient s'y expatrier et lancer leur initiative. Cette dernière y serait probablement beaucoup plus efficace.