Les mots de Peter Spuhler étaient sans équivoque: «La Jeunesse socialiste m'oblige à émigrer», a déclaré l'entrepreneur de 65 ans dans le «SonntagsZeitung» du 7 juillet. Il y faisait référence à l'initiative populaire des jeunes socialistes qui exige un impôt sur les successions de 50% pour les super-riches.
Peter Spuhler s'est plaint qu'une telle taxe signifierait pour lui ou ses descendants de verser 1,5 à 2 milliards de francs à l'Etat en cas d'héritage ou de donation.
Cela ne serait possible qu'en vendant des «perles de l'industrie suisse», a averti l'entrepreneur: «Ma fortune est investie à presque 100% dans mes entreprises comme Stadler Rail, Autoneum, Aebi Schmidt, Rieter et diverses petites entreprises.» Avec un impôt sur les successions de 50%, celles-ci devraient être «bradées à l'étranger».
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Il existe des alternatives à la vente
L'inquiétude de Peter Spuhler peut se justifier. Le risque qu'une entreprise chinoise reprenne sa boîte et que l'œuvre de sa vie passe en des mains étrangères serait accru par un impôt sur les successions élevé. Mais une vente à l'étranger n'est pas inévitable.
«Les héritiers ont le choix de la personne à laquelle ils vendent les parts de l'entreprise», explique Marius Brülhart, professeur d'économie à l'université de Lausanne. Il y aurait aussi la possibilité de chercher une solution suisse, ou de prendre un crédit pour pouvoir conserver certaines parts de l'entreprise.
La famille Blocher a prouvé que c'était possible: en 2003, lorsque le père Christoph a été élu au Conseil fédéral, il a cédé son entreprise, Ems-Chemie, à parts égales à ses quatre enfants Magdalena, Markus, Miriam et Rahel.
Blocher a donné un argument aux jeunes socialistes?
Dans le cas de l'entreprise de Christoph Blocher, les actions offertes servaient en fait servir de garantie pour les prêts nécessaires à l'achat. Par conséquent, chacun des quatre enfants a dû s'endetter fortement pour pouvoir assumer le rôle de propriétaire.
Christoph Blocher lui-même le confirme: «Donner aurait été trop facile. Un véritable entrepreneur paie ce qu'il acquiert et travaille ensuite si bien qu'il peut payer des intérêts sur ses dettes et les rembourser.»
On sait que ce changement de génération n'a pas nui à Ems-Chemie: sous la direction de Magdalena Martullo-Blocher, la valeur de l'entreprise s'est multipliée depuis 2003.
Indirectement, Christoph Blocher a-t-il fourni un argument de poids aux jeunes socialistes? Peut-être, mais il n'est toutefois pas du tout certain que le clan de l'ex-patron de l'Union démocratique du Centre (UDC) nourrisse pour autant de la sympathie pour l'initiative du parti de jeunes. En marge d'une conférence de presse, la cheffe d'Ems-Chemie a qualifié le projet d'«extrêmement néfaste», tandis que le surintendant de l'UDC a mis en garde sur Teleblocher contre les «énormes conséquences» pour la Suisse.