L'article de développement cellulaire publié le 13 février par l'éditeur scientifique Frontiers, fondé à l'École polytechnique fédérale (EPFL) et toujours basé à Lausanne, était peut-être excellent. Mais il a été retiré du journal en libre accès. En cause? Un recours un peu trop libéral à l'intelligence artificielle (IA) pour illustrer la recherche.
On y voit notamment un rat avec une paire de testicules et un pénis disproportionnés, et des légendes qui ne veulent rien dire, comme «dck», ou une flèche qui pointe le rat et indique: «rat».
Jusqu'à 8000 francs par article
La communauté scientifique a bondi sur les réseaux, critiquant le système d'évaluation par les pairs, ou peer review, du journal vaudois. L'éditeur propose aux chercheurs de payer pour faire valider et publier leurs articles.
Ce système pousserait scientifiques et évaluateurs à boucler leur travail plus rapidement, encouragés par Frontiers, qui reçoit une somme comprise entre 88 et 8000 francs par publication, écrit swissinfo.ch. Par ailleurs, il serait «quasi impossible» de rejeter un article, confie à la plateforme multilingue un professeur de pathologie.
Ce chercheur de l'Université de Cambridge a cessé de faire du peer review pour les différentes publications de Frontiers. L'éditeur propose 73 revues, toutes dédiées à une branche spécifique. C'est trop, selon Adrian Liston, le chercheur qui leur a tourné le dos. Afin de publier les articles rapidement, il n'y a pas de rejet, mais un processus d'évaluation infini qui a tendance à ignorer les commentaires négatifs des évaluateurs.
«Merci la commu'»
Frontiers a déjà été confronté à l'ire de la communauté scientifique, et est régulièrement accusé de promouvoir de la «pseudo-science». Un article sur les masques Covid avait mis le feu aux poudres en avril 2023, et avant cela, un article sur le VIH avait déclenché un boycott de l'éditeur par certains chercheurs.
Frontiers s'est excusé et a retiré l'article. Le groupe en a profité pour remercier la «vigilance» de la communauté scientifique, ce qui, à son tour, a déclenché colère et railleries.