La menace terroriste reste élevée en Suisse. C’est ce que constate le Conseil fédéral dans un rapport sur la situation en matière de politique de sécurité en Suisse publié mercredi.
Les attentats les plus probables seraient ceux perpétrés par des auteurs isolés ou par de petits groupes nécessitant peu de moyens logistiques.
Pour la première fois
Un détail du rapport attire particulièrement l’attention: pour la première fois, la Confédération compte les extrémistes politiques parmi les terroristes dangereux. Une nouveauté. Certes, c’est d’abord le danger représenté par les djihadistes, la milice terroriste IS et Al-Qaïda qui reste en ligne de mire. Mais selon la Confédération, les extrémistes de gauche et de droite développent actuellement dans différents pays européens «des activités qui vont dans le sens du terrorisme».
Ces dernières années, les néonazis en particulier ont perpétré à plusieurs reprises des attentats mortels. Dernièrement, à la mi-octobre, un extrémiste de droite a délibérément abattu deux personnes LGBTQIA + à Bratislava, la capitale slovaque. En Suisse, le niveau de violence des extrémistes politiques se situe jusqu’à présent en dessous du seuil terroriste, mais il existe également des indices isolés d’une évolution vers le terrorisme.
Dans son rapport de l’année dernière, le Conseil fédéral avait déjà mis en garde: «Les milieux d’extrême droite et d’extrême gauche pourraient renforcer l’exercice de la violence. Des groupes terroristes pourraient se développer à partir d’eux.» Même si la motivation fait encore défaut au sein de ces groupes, le potentiel de violence ainsi que les connaissances techniques nécessaires existent.
Pas de mise sous écoute possible
Le fait que la Confédération traite désormais les extrémistes politiques dans la catégorie du terrorisme n’est pas seulement lié à la montée en puissance des deux scènes, il y a probablement aussi des raisons politiques. La cheffe du Département fédéral de la défense, de la protection de la population et des sports (DDPS), Viola Amherd, est justement en train de réviser la loi sur le renseignement. Les autorités de sécurité doivent disposer d’instruments plus stricts pour surveiller les extrémistes de droite et de gauche enclins à la violence.
Jusqu’à présent, il est interdit aux services de renseignement de mettre sur écoute les téléphones et les ordinateurs des militants politiques. Cela n’est possible que pour les terroristes dangereux, dont seuls les islamistes font actuellement partie. L’extrémisme violent est exclu des mesures de surveillance électronique.
Le retour des fiches?
La raison de cette mesure tient son origine dans le scandale des fiches: dans les années 1980, la protection de l’État suisse a espionné et fiché plusieurs centaines de milliers de personnes. En réaction, les services secrets ont été limités dans leurs activités.
Viola Amherd veut maintenant revenir sur cette décision. La gauche s’y oppose, les bourgeois y sont favorables. C’est au Parlement qu’il reviendra de trancher.