Dans le village grison de Brienz, les animaux, comme les humains, doivent lever le camp. La raison? Deux millions de mètres cubes de roche menacent de s'effondrer sur eux. La décision d'évacuation a été annoncée mardi par l’état-major de conduite de la commune d’Albula (GR), dont Brienz fait partie.
Un des habitants, Gian Liesch, est doublement touché par cette décision. Sa famille vit dans le village en question, avec des dizaines d'animaux – 36 vaches, 16 bœufs en bas âge et 13 veaux. Le Grison possède également des lapins, des cochons d'Inde, des poules et des cochons nains. «Nous avons déjà déménagé les petits animaux», explique l'agriculteur à Blick mercredi.
«Mes bovins se comportent bizarrement»
Lui et sa famille ont trouvé une solution d'hébergement dans le village de Mon. Mais la situation a longtemps été floue pour ses 65 bovins au total. «Seize sont déjà à Alvaschein (GR). Les vaches mères y vont aussi. Les vaches laitières, nous les mettons à Cazis (GR), les veaux à Alvaneu (GR).»
Mais mercredi, une grande partie des bovins était encore à Brienz. «Je remarque que quelque chose ne va pas pour eux en ce moment. Ils se comportent bizarrement», dit Gian Liesch. «Mais je ne sais pas si c'est dû à l'évacuation, au temps, ou à autre chose.» L'homme essaie de rester calme. «Si j'étais nerveux, les animaux le sentiraient.»
Dans la même journée, le villageois avait le sentiment qu'il ne pourrait plus traire ses vaches à Brienz dès ce weekend. Son soupçon s'est ensuite confirmé: «Je viens de téléphoner au président de la commune. Il m'a dit que nous devions également évacuer le reste du bétail d'ici vendredi soir.»
Le cochon nain ne veut pas quitter Brienz
Les cochons nains de Gian Liesch ne peuvent pas non plus rester. Un ami paysan habitant Stierva (GR) viendra chercher ses boules de poils mercredi après-midi. L'une d'entre elles est déjà dans la voiture, tandis que le deuxième animal se montre réticent. Gian Liesch et son ami l'aident. Le petit cochon grogne et couine. Il veut rester. Finalement, il trottine dans la remorque.
Le paysan ne laisse rien paraître. Mais il souffre: «Me séparer de mes bêtes, c'est la pire des choses.» Que les autorités évacuent des personnes, il le supporte bien. «Mais que les animaux soient également touchés, cela me fait mal. Le contact quotidien va me manquer.»
Surtout avec les vaches laitières: «Je passe beaucoup de temps avec elles. Nous avons une belle relation.» Il s'arrête un instant pour caresser Anastacia, l'une d'entre elles. «Cela va me manquer d'avoir mes animaux autour de moi – ce ne sera tout simplement plus la même chose.»
Comme une planche de surf
L'agitation de mercredi après-midi a aussi montré que rien n'est plus comme avant à Brienz. Deux experts de crise, Christian Gartmann et Stefan Schneider, ont expliqué cette situation exceptionnelle à la presse.
«Brienz est assis sur une sorte de grande planche de surf en ardoise, qui glisse à raison d'un mètre par an, illustre Stefan Schneider, géologue et responsable du service d'alerte. Les déformations en surface sont dues aux mouvements irréguliers au niveau des fractures dans le schiste (...) Avec un tunnel, nous drainons la couche de glissement. Nous espérons ainsi freiner le mouvement.»
Pendant ce temps, Christian Gartmann, de l'état-major de direction de la commune, explique les différents niveaux de danger. Actuellement, on se trouve dans la phase orange. Les personnes et les animaux doivent quitter le village d'ici vendredi soir.
«Durant la journée, les habitants peuvent rentrer chez eux pour quelques heures. Si l'éboulement n'a pas lieu avant trois à dix jours, nous passerons à la phase rouge. Plus personne ne pourra alors retourner dans le village (...) Ensuite, si l'événement est imminent, nous passerons à la phase bleue. Nous fermerons alors une plus grande zone et donc aussi la Landwasserstrasse, la ligne de l'Albula des Chemins de fer rhétiques et une partie de la route cantonale Tiefencastel-Lenzerheide.» Ce qui aura des répercussions sur tout le canton.