Les Suisses favorables au modèle canadien
Un système à points pour l'immigration pourrait-il fonctionner?

Plus de 65% de la population suisse considère le modèle migratoire du Canada comme une solution pour répondre aux enjeux de la migration, selon un récent sondage. Une majorité sous la coupole fédérale voit néanmoins les choses autrement.
Publié: 11.09.2024 à 19:59 heures
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Dernière mise à jour: 11.09.2024 à 20:40 heures
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Thomas Aeschi, président du groupe UDC et conseiller national, accueillerait favorablement le système d'immigration canadien en Suisse.
Photo: keystone-sda.ch
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Sophie Reinhardt
Au Canada, les migrants sont évalués selon un système de points sur leur expérience professionnelle et leurs connaissances en anglais et français.
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Le Canada applique depuis 1967 un système de points pour «évaluer» les candidats à l'immigration. Formation, expérience professionnelle, connaissances linguistiques et âge, le parcours de chacun est passé au peigne fin. Celui qui obtient 67 points sur 100 peut immigrer sur le territoire canadien. L'idée derrière ce système est que ce n'est pas le pays d'origine qui est déterminant pour l'admission, mais la qualification des personnes. 

Un tel système semble séduire les Suisses. C'est en tout cas ce que montre le dernier baromètre des chances: dans ce sondage représentatif, 65% des Suisses interrogés ont indiqué être favorables à un système de points analogue à celui du Canada.

«La qualité sur la quantité»

Parmi ceux qui pourraient imaginer un système migratoire similaire pour la Suisse, on trouve le chef du groupe de l'Union démocratique du centre (UDC) Thomas Aeschi. «Nous demandons une sélection où la qualité prime sur la quantité», explique le Zougois à Blick. Selon lui, un système de points a également été évoqué lors de la campagne politique sur l'initiative contre l'immigration de masse, en 2014.

Toutefois, il ne cache pas non plus que ce système serait difficilement compatible avec la libre circulation des personnes actuelle. «Je doute que l'Union européenne aille dans le sens des exigences suisses pour une gestion autonome de l'immigration», déclare Thomas Aeschi.

Le PS et le PLR sont critiques

«Le système à points est certes bien intentionné, mais il donne à mon avis l'illusion de pouvoir contrôler l'immigration en Suisse. C'est un leurre», déclare le conseiller aux États du Parti libéral-radical (PLR) Damian Müller. Selon le Lucernois, le système actuel fonctionne bien parce qu'il est adapté aux besoins des entreprises et de l'économie suisse.

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«Le système canadien a de gros défauts»
Nina Schläfli, conseillère nationale socialiste
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Le contexte est aussi différent. En ce qui concerne l'exemple du Canada, le pays essaie de peupler son immense territoire. «Ce n'est pas le cas en Suisse, où la densité de la population est déjà très élevée et où certains partis voudraient limiter la Suisse à 10 millions d'habitants», explique Damian Müller en faisant allusion à l'initiative de l'UDC sur le développement durable. Selon lui, le système à points ne peut pas non plus empêcher l'immigration illégale. Le politicien argumente que les étrangers en quête d'un avenir meilleur continueront d'essayer de s'installer en Suisse par le biais de l'asile.

Au Parti socialiste (PS) aussi, on trouve que le système canadien a de «gros défauts», comme déclare la conseillère nationale PS Nina Schläfli à Blick. Pour introduire un système à points, il faudrait rompre les accords bilatéraux avec l'UE, ce qui aggraverait la pénurie de main d'œuvre qualifiée et isolerait la Suisse, est-elle certaine. De plus, une qualification élevée n'est pas encore une garantie d'embauche, selon Nina Schläfli.

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