Le sujet de l'immigration en Suisse échauffe les esprits. Alors que les infrastructures de transport sont à bout de souffle et les logements de plus en plus rares et chères, ils sont nombreux à penser qu'une régulation plus stricte de l'immigration permettrait de résoudre ces problèmes.
L'économiste Reiner Eichenberger a formulé une proposition controversée dans le «SonntagsZeitung»: les étrangers devraient payer au moins 50'000 francs s'ils souhaitent s'installer en Suisse. Les immigrés devraient pouvoir s'acquitter de cette taxe sur plusieurs années, comme l'expliquent le professeur de l'Université de Fribourg et son assistant diplômé, Fabian Kuhn, également politicien pour le Parti libéral radical.
Les Suisses devraient aussi payer
Un tel impôt réservé aux immigrés serait discriminatoire et irait à l'encontre des accords bilatéraux. Les deux hommes ont toutefois trouvé un moyen de justifier leur proposition. Actuellement, les jeunes citoyens suisses perdent aujourd'hui une année de travail ou d'étude pour effectuer le service militaire obligatoire. Ils perdent donc de l'expérience professionnelle et ont donc un manque à gagner en termes de revenu.
Selon Reiner Eichenberger et Fabian Kuhn, cela leur fait perdre entre 80'000 et 110'000 francs au cours de leur vie professionnelle. Après déduction de la solde, les pertes estimées s'élèvent à un montant entre 50'000 et 80'000 francs. C'est pour cette raison qu'ils arrivent à la taxe de 50'000 francs proposée.
A l'avenir, tous les Suisses devraient, selon leur proposition, contribuer à hauteur de ce montant dès leur majorité. Que ce soit par le service militaire, le service civil ou une contribution financière, payable sur plusieurs années. Quiconque rendrait service à la société plus tard serait également remboursé.
Capital de départ pour les jeunes
En suivant cette logique, il serait possible de réclamer aux immigrés une taxe de séjour sans discrimination. Les personnes concernées pourraient compenser la créance par un travail d'intérêt général ou de l'argent. Ou, dans le cas d'un service militaire après une naturalisation, en demander le remboursement plus tard.
Reiner Eichenberger et Fabian Kuhn estiment les recettes supplémentaires à plus de 8,5 milliards de francs – et ce avec une réduction de moitié de l'immigration nette actuelle.
Afin de compenser les obligations supplémentaires imposées à tous les jeunes du pays, les deux hommes veulent constituer un capital de base pour chaque enfant. Selon ce projet, les enfants et les jeunes jusqu'à 18 ans seront crédités d'un avoir de 3000 francs pour chaque année passée en Suisse, auquel s'ajouteraient des intérêts.
Un jeune qui aurait passé toute son enfance en Suisse accumulerait donc un capital d'environ 65'000 francs, qui pourraient être utilisé pour payer des frais d'étude, les impôts ou encore les cotisations sociales. Selon l'immigration, cela devrait coûter entre 4,3 et 4,8 milliards de francs par an.
Copié sur les économistes de gauche?
Un capital de base pour les jeunes citoyens n'est pas une idée nouvelle: plusieurs économistes de gauche, comme l'ancien ministre des Finances Yanis Varoufakis, ont déjà proposé des projets similaires.
Selon l'idée de Reiner Eichenberger et de Fabian Kuhn, on pourrait créditer rétroactivement le capital de base à tous les enfants vivant aujourd'hui en Suisse. Afin de garantir que l'immigration continue de fonctionner dans le temps et d'éviter le tourisme social, les deux hommes envisagent une période d'attente d'un ou deux ans.