Dans ce grand hall industriel, une odeur reconnaissable entre mille flotte dans l'air, celle du café. Au sein de Kolanda-Regina, à Burgdorf, dans le canton de Berne, entre quatre et cinq tonnes de grains de café sont torréfiés et conditionnés chaque jour.
Mais la brusque augmentation du prix de cette matière première ne permet pas à la PME bernoise de couvrir ses coûts. «Il faudrait que le prix d'un kilo de café torréfié augmente encore de 6 francs pour que nous puissions à nouveau être rentables», explique le propriétaire Reto Burri.
Depuis le mois de novembre, le prix des graines du caféier d'Arabie (Arabica) à la bourse américaine est passé d'environ 2,40 à parfois plus de 4,30 dollars le demi-kilogramme. Le torréfacteur supporte lui-même les coûts supplémentaires, il a l'habitude: le prix e avait déjà augmenté auparavant, même si dans de moindres proportions.
Victimes de la géopolitique
Pourquoi une telle augmentation des coûts? D'une part, le réchauffement climatique affecte considérablement la culture du café: au Brésil, où 40% du café mondial est cultivé, les précipitations ont été insuffisantes fin 2024. D'autre part, la demande de cette boisson chaude, qui est de plus en plus consommée en Asie notamment, augmente.
Qui plus est, les incertitudes géopolitiques, surtout depuis la réélection de Donald Trump, poussent également les prix des précieuses graines à la hausse. «Le prix du café en bourse a considérablement augmenté en bourse lorsque Trump a été élu et une nouvelle fois quand son règne a commencé», se désole le propriétaire.
Reto Burri est propriétaire depuis 2018 de Kolanda-Regina. Avec son équipe, ils produisent environ 500 tonnes de café par an et distribuent leurs produits aussi bien aux restaurants, qu'aux hôpitaux ou aux maisons de retraite.
Leur café se vend également en petites quantités dans le commerce de détail. Les prix sont convenus directement avec les clients et dépendent du volume. «Nous nous situons dans la catégorie de prix moyenne», explique Reto Burri.
Un savoir-faire à protéger
La torréfaction a lieu du lundi au mercredi. Ensuite, le café est souvent stocké pendant une semaine avant d'être livré aux clients. «C'est très important que le café puisse être préparé de manière optimale», explique le propriétaire. Beaucoup d'étapes au sein de l'entreprise, de la torréfaction à l'emballage, sont automatisées. La production a été optimisée de telle sorte qu'elle ne nécessite que deux ou trois personnes.
Il existe aussi des astuces pour rendre la production moins chère, comme par exemple l'apport d'eau lors du processus de refroidissement. Mais Reto Burri ne veut pas aller trop loin: «De notre point de vue, une production automatisée a des conséquences trop négatives sur la qualité du café», explique-t-il. Les mélanges de café de Kolanda-Regina comportent parfois jusqu'à huit variétés différentes
Les hausses de prix des graines du caféier touchent tous les torréfacteurs de la même manière. Malgré cela, Reto Burri ne s'attend pas à ce que la politique fasse bouger les choses. Dans le commerce de détail, les prix du café ont légèrement augmenté début février, comme l'avait rapporté Blick.
Mais il existe toujours des offres avantageuses pour les consommateurs. C'est de leur côté que Reto Burri espère un changement de mentalité: «Le café est un produit d'agrément, et on devrait le consommer avec un grand respect. En supermarché, il devrait coûter 20 à 30 francs le kilo.» L'évolution du prix du café est désormais entre les mains de la géopolitique.