Les PME pourraient en profiter
La vague de licenciements dans la Silicon Valley se propage en Suisse

Quelque 100'000 travailleurs ont perdu leur emploi dans le secteur de la tech depuis le début de l'année. La Suisse n'est pas épargnée. Pourtant, la main-d'œuvre qualifiée fait défaut dans notre pays. Les PME pourraient désormais s'emparer des employés licenciés.
Publié: 17.02.2023 à 19:46 heures
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Dernière mise à jour: 19.02.2023 à 13:32 heures
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En un seul mois, il y a eu autant de licenciements dans le secteur de la tech qu'en l'espace de six mois auparavant.
Photo: Shutterstock
Ramona Baumann

La Silicon Valley tremble – et les secousses sont de plus en plus perceptibles en Suisse également. Selon la plateforme en ligne Layoffs.fyi, qui recense les licenciements dans le secteur de la technologie, 100'000 travailleurs ont perdu leur emploi rien que depuis le début de l'année.

Et cette vague de remerciements, qui a commencé en 2022, s'est encore intensifiée en 2023: en un seul mois, il y a eu autant de licenciements que lors des six mois précédents.

La liste des entreprises concernées s'allonge de jour en jour. Après que le géant de la branche Google a annoncé début 2023 le licenciement de 6% de son personnel, soit environ 12'000 postes, d'autres grands noms comme Paypal, Yahoo et Zoom suivent le mouvement.

Suppression de postes dans le Tech-Hub de Zurich

Cette tendance s'étend de plus en plus à la Suisse. C'est dans notre pays que se trouve le plus grand centre de développement de Google hors des États-Unis. Sur deux sites prestigieux de Zurich, le centre d'affaires Hürlimann-Areal et le pôle commercial Europaallee, 5000 personnes travaillent pour Google.

Alors qu'il y a quelques années encore, ce géant de la tech faisait la une des journaux comme étant l'employeur le plus «cool» de Suisse grâce à ses toboggans et ses massages relaxants, l'ambiance est plutôt tendue actuellement. On ne sait pas combien des 5000 postes de travail de Google seront concrètement supprimés en Suisse.

La situation est similaire chez Meta. La maison mère de Facebook emploie environ 300 personnes sur son site d'innovation à Zurich. Au niveau mondial, une réduction de 13% du personnel de Meta a été annoncée, la filiale zurichoise faisant également partie des secteurs concernés.

Meta ne communique pas de chiffres précis à ce sujet. D'autres entreprises informatiques comme SAP, Netapp ou IBM ont aussi des filiales en Suisse – et ont récemment indiqué des coupes à grande échelle.

Mais les groupes technologiques internationaux ne sont pas les seuls concernés. Avec Logitech, l'un des plus grands fabricants d'accessoires informatiques au monde, c'est même une entreprise technologique d'envergure internationale qui a son siège principal en Suisse, en terres vaudoises. Interrogé, le groupe ne veut pas révéler si certains des 400 employés seront licenciés.

Les chiffres exagérés?

Les raisons des difficultés rencontrées par le secteur technologique sont entre autres la forte inflation et les craintes croissantes de récession. En particulier après le boom survenu pendant la pandémie de Covid-19, il est maintenant durement ramené à la réalité.

Dans de telles situations de crise, la première mesure d'économies consiste à supprimer des emplois. L'expert en informatique et ancien entrepreneur en logiciels Urs Prantl relativise toutefois: «Les groupes comme Google aiment exagérer le nombre de licenciements dans un premier temps. Il est ensuite plus facile de réduire ce chiffre plutôt que d'annoncer une nouvelle suppression de postes.»

Les PME suisses en attente

Dans le contexte d'une grave pénurie de main-d'œuvre qualifiée, les nombreux travailleurs congédiés semblent être une véritable aubaine pour le marché du travail suisse. Mais cela ne signifie pas que les PME locales pourront récupérer ces travailleurs. «Pour les petites PME, il n'est pas réaliste de payer les salaires auxquels les anciens employés de la grande tech sont habitués, note Urs Prantl. La plupart des PME informatiques ne peuvent pas non plus rivaliser avec les grands acteurs en matière d'avantages non monétaires.»

À cela s'ajoute le fait qu'une partie des personnes licenciées partent à l'étranger en raison de l'expiration de leur visa de travail. Urs Prantl, qui conseille lui-même des PME depuis des années, est toutefois sûr d'une chose: «Les travailleurs qui répondent aux conditions de travail et aux salaires des petits employeurs sont immédiatement aspirés par le marché du travail.»

C'est justement dans le secteur informatique que le besoin d'employés se fait ressentir. Dans le classement d'Adecco sur la pénurie de main-d'œuvre qualifiée, ce domaine occupe la deuxième place, derrière les professions de la santé. Concrètement, à la mi-janvier, il manquait à la Suisse 10'300 spécialistes en informatique formés. Les experts licenciés par Meta, Google et d'autres entreprises tech pourraient combler une partie de ce vide. Le plus grand défi sera de les retenir à long terme.

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