Les offices des poursuites enregistrent des records
«Les gens ne sont plus aussi disposés à payer qu'avant»

Dans toute la Suisse, le nombre de poursuites est en hausse. De nombreux offices ont enregistré l'année dernière une forte augmentation, voire des chiffres records. La charge de travail devient insoutenable.
Publié: 17.03.2024 à 17:41 heures
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Boom des poursuites: en 2023, le nombre de poursuites a fortement augmenté dans toute la Suisse.
Photo: Keystone
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Céline Zahno

Choc des primes, explosion des prix de l'électricité, augmentation des loyers... Comment Monsieur et Madame tout le monde arrivent-ils à s'en sortir? Mal, semblerait-il. Les facteurs ont eu beaucoup à faire l'année dernière avec les courriers des poursuites. Dans plusieurs cantons, le nombre de courriers liés à des impayés a explosé.

La situation est similaire dans la plupart des offices. Par rapport à l'année précédente, les poursuites ont augmenté d'environ 10% en 2023. De nombreux offices et cantons enregistrent même des chiffres records. C'est par exemple le cas dans les cantons de Zoug et de Lucerne, dans quatre offices à Saint-Gall et dans quelques offices zurichois. Dans le canton de Glaris, les saisies ont atteint un niveau record. Idem à Soleure et Schaffhouse.

Normalisation après Covid

Bogdan Todic, du comité de la Conférence des préposés aux poursuites et faillites, voit surtout dans cette forte augmentation une normalisation après la pandémie. «Pendant les années Covid, le nombre de poursuites s'est effondré. Les créanciers ont été plus indulgents», explique Bogdan Todic. Du 19 mars au 19 avril 2020, toutes les poursuites ont même été stoppées dans toute la Suisse.

Dans de nombreux cantons, les chiffres se situent à nouveau à un niveau similaire à celui d'avant la pandémie. C'est par exemple le cas dans les cantons de Vaud, du Valais, de Berne, de Nidwald et de Fribourg.

Des primes plus élevées

«Au fil des ans, les poursuites sont toutefois de plus en plus nombreuses, et ce, de manière généralisée», constate Dominik Angst. Il dirige l'office des poursuites et faillites de Schaffhouse. En 2023, son office a, lui aussi, envoyé nettement plus de courriers pour impayés que les années précédentes.

Si l'on se renseigne auprès des autorités compétentes, différentes raisons sont évoquées. Dominik Angst fait remarquer que les offices des impôts et les caisses maladie sont les créanciers les plus assidus. «Le renchérissement a certainement une influence. Les primes grimpent d'année en année. De nombreux ménages n'ont pas assez d'argent dans leur caisse pour régler toutes les factures.»

«Commander aujourd'hui, payer demain»

Le changement de comportement des consommateurs joue également un rôle, explique Cornelia Löhri, directrice de l'office des poursuites de Zoug. Elle cite en exemple le concept «commander aujourd'hui et payer demain». «Les gens ne sont plus aussi enclins à payer qu'avant. Ils semblent avoir moins honte lorsqu'une poursuite arrive à la poste», explique Dominik Angst.

Dans de nombreuses autorités compétentes, ce sont surtout les vives réactions aux lettres de poursuite qui augmentent la charge de travail. «Les clients sont plus exigeants et plus insolents. La coupe est plus vite pleine», avoue Roger Wiesendanger, directeur de l'Office des poursuites et des faillites de Thurgovie. De nombreuses autorités sont aussi confrontées à un nombre croissant de réfractaires. A Schaffhouse, la police doit plus souvent intervenir à l'office, selon Dominik Angst.

Des chiffres particulièrement élevés à Zoug

L'office des poursuites de Zoug a eu particulièrement beaucoup à faire l'année dernière: le nombre de procédures de poursuite a augmenté de près de 30% par rapport à l'année d'avant. Cela s'explique avant tout par la forte concentration d'entreprises dans la ville, qui sont de plus en plus nombreuses à ne pas payer leurs factures et leurs créances, explique Cornelia Löhri.

Mais les particuliers seraient aussi de plus en plus nombreux à s'endetter. Le soulagement n'est pas en vue: «Une nouvelle augmentation se dessine déjà en 2024», pronostique Cornelia Löhri.

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