Les liens entre les jeunes UDC et l'extrême droite interrogent
Une cadre des jeunes UDC a assisté à une conférence d'un leader identitaire

Les Jeunes UDC sont divisés quant à leur position vis-à-vis de l'extrême droite. Une enquête de Blick révèle aujourd'hui que Sarah Regez, la cheffe de la stratégie du parti, a assisté à une conférence de l'extrémiste de droite autrichien Martin Sellner.
Publié: 31.03.2024 à 12:26 heures
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Dernière mise à jour: 31.03.2024 à 18:37 heures
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Shooting star de l'UDC de Bâle-Campagne: Sarah Regez lors d'une apparition au meeting de lancement de la campagne de l'UDC aux élections fédérales à la Swiss Life Arena à Zurich-Altstetten.
Photo: Linda Käsbohrer
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Fabian Eberhard

Sarah Regez fait pencher la balance des Jeunes UDC vers la droite, très à droite. La Bâloise de trente ans est l'étoile montante de la jeunesse du plus grand parti du pays: une dure à cuire, une agitatrice – mais aussi la chouchoute des médias.

«L'étudiante qui ne veut pas faire de genre», tel était le titre d'un portrait bienveillant de Sarah Regez paru en 2022 dans la «SonntagsZeitung». C'était le coup d'envoi d'une ascension fulgurante – de simple membre de la section de Sissach (BL) à cheffe de la stratégie du parti.

Sarah Regez se fait remarquer. Avec ses propos radicaux contre les migrants et la «culture woke», elle représente une nouvelle génération de l'UDC, laquelle est en train de créer des dissensions au sein du parti. Une vive controverse sur les relations entre la relève de l'UDC et l'extrême droite a ainsi émergé.

Une rencontre avec des extrémistes de droite

Au plus fort de ce débat, les recherches de Blick montrent que Sarah Regez a participé en mai 2023 à une rencontre en petit comité dans le canton de Zurich avec le leader identitaire autrichien Martin Sellner. Seul le noyau dur de la scène d'extrême-droite était au courant de l'événement. Celui-ci a été marqué par la présence de membres du groupe identitaire Junge Tat, surveillé par le Service de renseignement suisse (SRC).

Conscients du caractère explosif de la rencontre, les organisateurs ont strictement interdit de prendre des photos. C'est sans doute ainsi que Sarah Regez s'est sentie à l'abri de toute révélation, et ce bien qu'elle ait été sous le feu des projecteurs médiatiques peu de temps auparavant. En effet, seulement deux semaines avant l'événement, l'UDC de Bâle-Campagne la plaçait sur la liste principale du parti pour les élections au Conseil national.

La «rémigration» – un point commun douteux

Mais qu'est-ce qui s'est dit lors de ce fameux événement? Comme à son habitude, Martin Sellner a tenu une conférence sur ce qu'il appelle la «rémigration», à savoir le renvoi massif de personnes issues de l'immigration. Coïncidence ou non, Sarah Regez est la seule politicienne UDC établie à utiliser ouvertement cette terminologie.

Martin Sellner a pu tenir son discours sans être dérangé. Il en a été tout autrement il y a deux semaines, lorsqu'il a été emmené par la police lors d'un événement organisé par Junge Tat à Tegerfelden, en Argovie. L'Allemagne, la Grande-Bretagne et les Etats-Unis refusent en outre l'entrée sur leur territoire à l'extrémiste de droite.

Vient-ensuite au Conseil national

Le style politique agressif de Sarah Regez n'a jusqu'à présent pas entamé sa popularité. Début octobre, même sa grand-mère avait mis en garde sa petite-fille dans une lettre ouverte: «Les solutions que tu défends sont pour moi terribles: extermination de ceux qui ne pensent pas comme toi, violence, guerre. Tes adversaires sont tes ennemis.»

Trois semaines plus tard, Sarah Regez a créé la surprise lors des élections fédérales en arrivant en troisième position avec 22'436 voix, derrière les deux élus sortants. de son parti. Autrement dit, si l'un d'eux se retire, la Bâloise lui succèdera automatiquement au Conseil national.

Sarah Regez et les Jeunes UDC se murent dans le silence

Où est-ce que la Bâloise se situe politiquement? Et à quel point ses contacts avec les milieux d'extrême droite sont-ils étroits? Durant toute la semaine, Sarah Regez n'a réagi ni aux appels ni aux e-mails de Blick. Son silence est systématique: lors d'une réunion de crise en ligne mercredi, le chef des jeunes UDC Nils Fiechter a muselé ses collègues de parti. Plusieurs sections cantonales du parti avaient exigé que la direction du parti se distancie de Junge Tat.

Le week-end dernier déjà, la «NZZ am Sonntag» titrait: «Le nouveau power-couple radical à la tête des Jeunes UDC: Nils Fiechter et Sarah Regez veulent radicaliser le jeune parti». Nils Fiechter, président des Jeunes UDC depuis peu, n'a pas souhaité s'exprimer auprès de Blick. En 2023, lorsqu'il était lui-même chef de la stratégie des jeunes UDC suisses, le compte officiel de la jeunesse du parti avait liké à plusieurs reprises sur des posts publiés par les leaders de Junge Tat sur le réseau social X.

L'actuel vice-président des jeunes UDC Mattia Mettler préfère lui aussi tirer à boulets rouges sur les journalistes et sur ses collègues du parti plutôt que sur les extrémistes de droite. L'année passée, Blick avait rendu public le fait que le leader de Junge Tat était membre des Jeunes UDC de Thurgovie. Ces derniers avaient ensuite pris leurs distances avec le groupe. Mattia Mettler s'était alorse fendu d'un commentaire sur X: «Félicitations à la Thurgovie! Et d'ajouter que se laisser déstabiliser par un journaliste de Blick était «vraiment d'une rare maladresse».

Une conversation interne, rendue publique il y a une semaine par la «NZZ am Sonntag», montre également à quel point une aile du parti est proche de Junge Tat. Ramon Hug, chef des Jeunes UDC d'Argovie, y écrit: «Nous devons être honnêtes et reconnaître que Junge Tat aborde exactement les mêmes contenus que nous.» Et de poursuivre: «Se distancer de cela, c'est comme si nous nous distancions de notre propre programme.»

Les Jeunes UDC d'Argovie solidaires avec Martin Sellner

Ce n'est donc guère un hasard si la relève de l'UDC du canton d'Argovie s'est également montrée solidaire de Martin Sellner. Après l'arrestation de l'extrémiste de droite par la police argovienne, la section cantonale a écrit sur X: «Un jour noir pour notre démocratie et la liberté d'expression!» et a ajouté en lettres capitales: «Solidarité avec Martin Sellner».

Les divergences font rage au sein de la jeunesse du parti. Le fait que la cheffe de la stratégie Sarah Regez ait participé à une réunion d'extrême droite avec Martin Sellner devrait encore creuser le fossé entre les forces modérées et radicales. Combien de temps les leaders de la section jeune du parti pourront-ils encore se dérober?

La dernière fois que Sarah Regez s'est exprimée sur ses positions controversées, c'était il y a trois semaines. Elle avait déclaré au portail Online Reports: «Je ne suis pas si extrême que ça, je suis dans la ligne du parti».

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