Les fournisseurs s'engagent
Bientôt la fin des salaires de misère des livreurs suisses?

Pour lutter, entre autres, contre le dumping salarial des livreurs, les acteurs de la distribution et de la logistique souhaitent unir leurs forces pour négocier une convention collective de travail d'ici 2022. Certains acteurs privés du marché sont toutefois réticents.
Publié: 09.11.2021 à 06:06 heures
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La pandémie de Covid-19 a fait exploser le recours aux services de livraison à domicile.
Photo: Keystone
Blick

Les conditions de travail des livreurs de nourriture sont souvent épuisantes, stressantes et mal payées. Ce n’est pas vraiment une nouveauté. Ce qui est inédit, en revanche, c’est que les principaux acteurs du secteur de la distribution ont décidé de s’unir avec les syndicats pour créer une faîtière et une convention collective de travail (CTT) destinée à défendre les intérêts de ses employés.

Actuellement, la branche des prestataires suisses de services postaux est composée des associations KEP + Mail (Association des prestataires privés de services postaux), Swissmessengerlogistic SML (Association patronale pour les coursiers à vélo et les services de coursiers urbains) et Kurierverband (Association des entreprises suisses de coursier). A ce jour, il n’existe pas de faîtière et donc pas de convention collective de travail à l’échelle de la branche.

Certains livreurs de nourriture ne veulent pas s’aligner

Avec les syndicats, le secteur de la livraison veut maintenant prendre des mesures contre les bas salaires imposés à beaucoup de livreurs. Quatre associations et les deux géants de la logistique la Poste et Planzer, ont décidé d’unir leurs efforts dans ce sens. Outre les entreprises qui offrent des services de distribution de courrier, les livreurs de journaux et de publicité ainsi que les transporteurs de colis sont également membres.

L’objectif de la nouvelle association faîtière, appelée «Distribution suisse», est de parvenir à négocier, en tant que branche, une base commune pour les conditions d’engagement du personnel travaillant dans la distribution. La nouvelle association entamera des négociations avec les syndicats syndicom et transfair, en vue d’une CCT à l’échelle de la branche pour les prestations postales et la distribution de la publicité non adressée. Leur ambition est de la proposer d’ici l’été 2022, comme ils l’ont annoncé lundi.

Le hic pour beaucoup de livreurs, c’est que Uber Eats et Just Eat (anciennement Eat.ch) sont récalcitrants à l’idée de faire partie de la faîtière. Officiellement, les services de livraison – peu importe la marchandise qu’ils transportent – sont des services couverts par la loi postale. La Commission fédérale des postes (Postcom) a décidé que Uber Eats et Just Eat en font également partie. Toutefois, les deux entreprises ont jusqu’à présent refusé d’accepter cette décision. S’ils sortent victorieux du litige, ils ne seront pas obligés de respecter la CCT prévue.

Si Uber et Just Eat ne semblent pas vouloir s’aligner sur ces requêtes, c’est peut-être le consommateur qui réussira à les faire plier: de nombreux clients sont désormais soucieux des conditions de travail des livreurs de nourriture et beaucoup peuvent décider de boycotter certaines firmes s’ils savent que les employés n’y sont pas justement rémunérés.

Uber veut une exception pour ses chauffeurs

Pendant ce temps, Uber Eats se bat même contre le fait de considérer ses chauffeurs et livreurs comme des employés. L’entreprise souhaite que ces derniers restent considérés comme des indépendants et qu’ils s’occupent de leurs propres charges sociales et comptes.

Bien que le statut des travailleurs d’Uber Eats soit encore loin d’être tranchée définitivement, il est probable qu’une loi permette bientôt de le réglementer.

(Adaptation par Louise Maksimovic)

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