Les experts n'en sont pas si sûrs
Pourquoi la grande révolution de Migros ne fera pas forcément baisser ses prix

Le géant orange annonce une transformation de sa structure pour maîtriser les coûts. Les prix vont-ils bientôt baisser? Les experts n'en sont pas si sûrs. Voici pourquoi.
Publié: 15.05.2023 à 12:04 heures
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Dernière mise à jour: 15.05.2023 à 12:06 heures
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Migros annonce une grande transformation.
Photo: Philippe Rossier
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Danny Schlumpf

Il y a 20 ans, le patron de Coop, Hansueli Loosli, a réussi un grand coup: dissoudre les coopératives régionales. Depuis, on n'entend plus parler de problèmes structurels chez Coop.

Il en va autrement chez Migros: les dix coopératives régionales ont chacune leur position propre sur tous les sujets. Au sein de la Fédération des coopératives Migros (FCM), elles se disputent autour des problématiques communes et ignorent volontiers les décisions prises ensemble – avec pour conséquence l'augmentation des coûts et la diminution du chiffre d'affaires. Depuis 2017, les bénéfices des dix coopératives ont chuté de 23%.

Mais aujourd'hui, Migros se libère en regroupant ses activités. Dès 2024, une nouvelle société Supermarché SA organisera les 600 magasins et centralisera les achats.

Migros va-t-elle finalement copier la Coop? La grande réforme qui arrachera le pouvoir des établissements régionaux et transformera le géant orange en un magasin allégé et efficace est-elle en train de voir le jour? Michael Stadler, expert en stratégie à l'université ZHAW, a un avis plutôt négatif sur la question.

La FCM risque-t-elle de perdre son pouvoir?

Les coopératives régionales vont en effet rester en place et siègeront à la direction du nouveau Supermarché SA. «Elles conservent ainsi leur influence, explique Michael Stadler. Dans le meilleur des cas, l'entreprise deviendra légèrement plus efficace, ce qui n'apporte pas grand-chose aux consommateurs.» Ceux-ci ont aujourd'hui de bonnes alternatives: Aldi et Lidl font pression avec des produits régionaux bon marché. «Migros ne peut exploiter pleinement son potentiel qu'avec une centralisation conséquente, affirme l'expert. Des exemples pratiques le montrent: Les solutions mixtes ne sont pas très utiles.»

La FCM ne pourra probablement éviter une perte de pouvoir que si le nouveau CEO, Mario Irminger, devient président du conseil d'administration de Supermarché SA. Or, c'est précisément ce qui reste à définir: «Aucune décision concernant le personnel n'a encore été prise», déclare le porte-parole de Migros Marcel Schlatter. «Cela vaut également pour un éventuel poste pour Mario Irminger dans la nouvelle entité. Les décisions concernant le personnel seront prises dans les semaines à venir par la FCM et les coopératives régionales.»

C'est là que les choses risquent de se gâter. Si ce dernier n'accède pas à ce poste influent, les directions régionales finiront par devenir encore plus puissantes. Pour Mario Irminger, il ne resterait alors plus qu'à continuer à développer le secteur de la santé. Celui-ci est lucratif, tout comme l'activité bancaire: elle fournit la moitié des bénéfices du groupe Migros et subventionne déjà les supermarchés des coopératives.

Reste à savoir si cela est dans l'intérêt des plus de deux millions de coopérateurs Migros.

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