Le secret bancaire, la discrétion, la sécurité et, en prime, des paysages à couper le souffle: la Suisse est un véritable aimant à milliardaires. Depuis des décennies, les super-riches du monde entier sont attirés par notre pays. La pandémie joue également un rôle: «La crise du coronavirus a déclenché un boom de la demande d’immobilier de luxe», rapporte UBS. Les prix les plus élevés par mètre carré atteignent plus de 35’000 francs. Ils se situent en Suisse romande, dans la commune de Cologny (GE).
Depuis la crise, beaucoup aspirent à avoir à un refuge sûr, expliquent les analystes d’UBS: «Le risque d’une hausse des impôts pour les hauts revenus est plutôt contrôlé en Suisse – contrairement à certains endroits à l’étranger – grâce à une fiscalité stable.» En Suisse, le taux d’endettement stagne au niveau de 40% du produit intérieur brut. À titre de comparaison, en Allemagne, il atteint environ 70%; dans d’autres pays, comme la France, il peut même dépasser les 100%.
Un millionnaire pour six habitants
De nombreux fortunées profitent déjà des avantages de la Suisse: par exemple, l’entrepreneur Klaus-Michael Kühne, de Hambourg, propriétaire majoritaire du groupe de transport Kühne + Nagel, est cité par le magazine «Bilanz» sur la liste des plus riches. Une liste qui est de plus en plus fournie. Credit Suisse fait une estimation audacieuse: en 2020, près d’un habitant sur six (14,9%) pourrait faire partie du club fermé des millionnaires. Si ce chiffre est plutôt généreux, il est probable que le nombre total soit proche du million: en dehors de micro-États comme Monaco, aucun autre pays au monde ne compte autant de millionnaires. Précisons que dans notre pays, les milliardaires ne sont pas non plus en reste: 135 d’entre eux posséderaient un tel montant sur leur compte en banque, selon les estimations de «Bilanz».
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Des avantages fiscaux pour les nouveaux arrivants
De nouveaux millionnaires sont ainsi sur le point d’arriver dans le pays. L’avocat Enzo Caputo, qui aide ses clients étrangers désireux de vivre en Suisse, parle d’une augmentation de 25% de la demande. D’autres avocats révèlent même que l’augmentation de la demande de renseignements est montée jusqu’à 40%. Hélas, ces chiffres ne peuvent pas être vérifiés: la discrétion est leur priorité absolue. «Je fais une sorte de marchandage avec le canton: je négocie une imposition forfaitaire sous forme de contrat», explique sobrement Enzo Caputo à la Deutsche Presse-Agentur. Les contribuables ne sont ainsi pas du tout tenus de déclarer leur patrimoine.
Selon la RTS, le forfait permis de séjour plus impôt pourrait être obtenu dans le canton du Jura, pour un non-Européen célibataire, pour l’équivalent d’environ 146’000 francs par an. Mais même sans ces accords, dans certains cantons, l’impôt sur le revenu peut stagner à environ 22%, un chiffre deux fois moins élevé que dans de nombreux autres pays.
Processus contraignant
Ce transfert en Suisse est un processus à long terme pour les super-riches, selon Enzo Caputo. «D’abord, les actifs sont placés dans une banque suisse avec un bon gestionnaire. La famille déménage ensuite en Suisse, suivi par le chef de famille.» Selon les analyses du Boston Consulting Group, aucun pays au monde ne possède autant de richesses détenues par des étrangers qui ne vivent pas dans le pays: 2,4 trillions de dollars (un peu plus de deux trillions d’euros), ce qui représente un quart de l’ensemble des actifs étrangers. C’est plus qu’à Hong Kong et Singapour.
Boom de l’immobilier de luxe
Enfin, les agents immobiliers connaissent eux aussi un boom: «La demande a énormément augmenté depuis l’été 2020, notamment dans le secteur du luxe», confie Franko Giovanoli, responsable de la ville de Saint-Moritz (GR) et de ses environs au sein de la société Ginesta. «On nous arrache presque des mains les appartements de luxe.» Ses clients recherchent des placements sûrs pour leur argent.
Les personnes riches venant de Chine, d’Inde ou du Maghreb n’ont pas joué un grand rôle: il cite plutôt des Européens par les intéressés, en particulier les Allemands ou les Italiens, ainsi que les Britanniques. Pour Franko Giovanoli, les propriétés «haut de gamme» sont celles dont la valeur se situe au-dessus de dizaines de millions. Des maisons de vacances plus modestes, par exemple comprenant trois pièces et demi, sont également disponibles pour la modique somme d’un ou deux millions de francs suisses.
Katharina Hofer, économiste d’UBS, conclut: «Ceux qui recherchent un endroit doté d’institutions stables et de sites de luxe établis sur les marchés mondiaux du luxe vont probablement jeter de plus en plus leur dévolu sur la Suisse.» Attendons-nous à un boom des milliardaires dans notre pays. (Blick/SDA)