L'enfant terrible de la politique
Elle s'appelait Joachim. Eva Son-Forget annonce sa transition de genre

Connue pour ses frasques et son goût pour les polémiques, l’ancienne députée des Français de Suisse et candidate à la présidentielle 2022 annonce sa transition de genre. Elle s’appelle maintenant Eva et entend bien entamer une nouvelle vie.
Publié: 17:41 heures
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Dernière mise à jour: 19:07 heures
L'ancienne députée des Français de Suisse, Eva Son-Forget, annonce sa transition de genre.
Photo: Niels Ackermann / Lundi13
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Alessia BarbezatJournaliste Blick

Eva Son-Forget nous a donné rendez-vous dans un café de Plainpalais, à Genève. «Je l’ai choisi, car j’y ai mes habitudes et ici, ils ont pu observer mon évolution».

Physique, d’abord. Cheveux rasés, pendentifs aux oreilles, maquillage léger, un sac à dos pour enfant posé à ses pieds, «je l’avais acheté pour un de mes enfants, mais il n’en a pas voulu, alors je le porte, je le trouve mignon», dit-elle.

Administrative, ensuite. L’ancienne députée des Français de Suisse nous tend deux documents des services de l’Etat civil. Sous sexe, s’affiche désormais la lettre F. Et un nouveau prénom: Eva. «Ça n’a pas été évident de choisir, mais j’aime bien Eva, une référence à Eve, créée à partir d'une côte d’Adam. Elle a tout de suite fait des bêtises», glisse-t-elle, avec malice.

Une députée pas très sage

Il y a encore quelques jours, Eva s’appelait officiellement Joachim Son-Forget. Connue pour ses frasques et son goût de la polémique, l’ancienne députée macroniste, passée sous l'égide de Reconquête d'Eric Zemmour, a connu un été mouvementé. Le 15 juin à Paris, celle qui avait tenté de rallier l’UDC d’Yverdon-les-Bains, avait été interpellée après un refus d’obtempérer. Sous l’emprise de cocaïne, circulant à vive allure dans la capitale française au volant d’une puissante berline, la conductrice ne s’était pas arrêtée malgré le gyrophare de la voiture de police lancée à sa poursuite. 

Elle s’était expliquée à Blick. «Hospitalisée de force à Genève», elle avait «fui le canton» pour échapper à deux nouvelles mesures d’internement ordonnées par des psychiatres. La raison selon elle? «J’ai entamé une réflexion sur mon identité sexuelle. Ce changement, cette attitude plus féminine, a provoqué l’ire de mon entourage personnel et professionnel qui a décidé d’entamer un processus de psychiatrisation obligatoire à mon encontre, sous des prétextes fallacieux», disait-elle à Blick.

Aujourd’hui, plus apaisée, Eva entend bien mener sa nouvelle vie, comme elle l’entend. Le premier chapitre a été de faire reconnaître son changement de sexe par l’administration genevoise. Une démarche facilitée depuis le 1ᵉʳ janvier 2022 dans le canton. Elle ne coûte que 75 francs et consiste en une simple déclaration devant l’Officier d’état civil sans passer par une hormonothérapie ou diagnostic médical. Et le changement de sexe n’est plus une obligation pour changer de genre.

«Un appel à la tolérance»

«Ce changement statutaire est très important pour moi, explique Eva, en touillant la mousse de son cappuccino. Quand votre transition est reconnue par les autres, elle devient réalité. Elle n’est plus un secret d’alcôve.»

Eva a pu échanger avec ses enfants, de 17, 9 et 5 ans. «Ils avaient observé mon évolution, vestimentaire notamment. Ils avaient dû comprendre. Mais samedi dernier, j’ai prévenu les plus petits pour qu’ils puissent se défendre à l’école. Je leur ai expliqué que cela ne changeait rien pour eux. Que c’était simplement la continuité de mon comportement habituel.» 

Aux esprits chagrins qui pourraient y déceler un nouveau coup de communication d’une personnalité en mal de lumière, Eva répond simplement: «C’est une démarche qui engage ma vie, qui m’expose, moi et mes enfants. Je ne prendrais pas ouvertement la parole si cela n’était pas crucial pour moi, mais surtout pour d'autres, plus faibles que moi, qui ne peuvent assumer leur vie comme ils la rêveraient. C’est un appel à la tolérance et à la liberté de choix de son identité de genre.» D’ailleurs, elle exclut pour l’instant un retour en politique. «Mais c’est clair, que dans mon ancien camp zemmouriste, à l'UDC et aux extrêmes, cette nouvelle va faire grincer des dents», s’amuse-t-elle.

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