À cause de sa transidentité?
Un influenceur transgenre dit avoir été tabassé devant un bar à Genève

Sur les réseaux, un influenceur dit avoir été victime d'une «agression transphobe» devant un bar du quartier rouge de Genève, après une altercation avec une barmaid. Mais d'après une source de l'établissement, le bar nie toute implication.
Publié: 23.07.2024 à 06:03 heures
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Dernière mise à jour: 23.07.2024 à 13:00 heures
Matthias* dit avoir subi une «agression transphobe», qui aurait commencé dans un bar pour se terminer par un «conflit» dans la rue. Des sources internes du bar nient toute implication de l'établissement. (Capture d'écran: Instagram)
Photo: Blick_Suisse romande
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Daniella GorbunovaJournaliste Blick

L'histoire enflamme le web depuis quelques jours. Un influenceur transgenre suisse, qui documente sa transition sur les réseaux sociaux et compte plus de 100'000 abonnés sur TikTok, dit avoir subi une «agression transphobe» dans l'après-midi du 14 juillet.

Il situe la scène devant un bar des Pâquis, au cœur du quartier chaud de Genève. Il y aurait été «jeté» hors de l'établissement à cause de sa transidentité.

Celui que nous appelons ici Matthias* a partagé son histoire sur les réseaux, face caméra — avec un œil au beurre noir. Dans une vidéo de quelque deux minutes sur TikTok, et des story sur Instagram, principalement. 

Les attaques contre les LGBTIQ+ en hausse

Le climat se détériore pour les personnes LGBTIQ en Suisse, d'après les derniers chiffres. En 2023, «305 cas d'agressions haineuses ont été signalés à la helpline qui leur est dédiée. C'est plus du double qu'en 2022», note la RTS.

Le plus grand nombre de signalements concerne des faits qui se sont déroulés dans la rue (puis dans les transports, puis sur internet). Le service public précise que l'antenne de signalement, qui recense depuis 2016 les violences anti-LGBTIQ, a comptabilisé 61 cas en 2020».

En 2021, 92 cas, «et en 2022, 134. Environ 70% des 305 cas signalés en 2023 concernaient des injures. Soixante-quatre personnes (21%) ont subi des violences physiques».

Le climat se détériore pour les personnes LGBTIQ en Suisse, d'après les derniers chiffres. En 2023, «305 cas d'agressions haineuses ont été signalés à la helpline qui leur est dédiée. C'est plus du double qu'en 2022», note la RTS.

Le plus grand nombre de signalements concerne des faits qui se sont déroulés dans la rue (puis dans les transports, puis sur internet). Le service public précise que l'antenne de signalement, qui recense depuis 2016 les violences anti-LGBTIQ, a comptabilisé 61 cas en 2020».

En 2021, 92 cas, «et en 2022, 134. Environ 70% des 305 cas signalés en 2023 concernaient des injures. Soixante-quatre personnes (21%) ont subi des violences physiques».

La voix grave, tremblante, il narre ses malheurs à ses followers: «On pense que ça n'arrive qu'aux autres, mais j'ai été victime d'une agression transphobe (...). Je suis rentré dans l'établissement pour commander une boisson. Et la serveuse m'a regardé d'un air dégoûté. Puis elle m'a dit qu'ici, on ne servait pas les gens comme moi, et que je devais dégager....»

«J'ai cru que j'allais mourir»

Il poursuit: «Je lui ai demandé quel était le motif exact de son refus. (...) Mais elle n'a pas voulu me répondre. Je lui ai demandé ensuite si ç'avait un lien avec ma transidentité, car j'avais l'impression qu'elle m'avait reconnu des réseaux, mais à ce moment-là, elle m'a simplement rigolé au nez et m'a encore demandé de dégager.»

Matthias dit avoir refusé de quitter les lieux. C'est alors que la serveuse «a commencé à me pousser violemment. Je l'ai repoussée à mon tour, et c'est à ce moment-là que plusieurs personnes m'ont saisi pour me jeter hors de l'établissement. Une fois au sol, j'ai continué à recevoir des coups au corps et au visage. C'était vraiment de l'acharnement. J'ai cru que j'allais mourir. À la fin, j'ai reçu un dernier coup sur le côté du visage, qui m'a complètement sonné.»

L'une des Stories partagées par Matthias sur son compte Instagram.

Il aurait réussi à se relever, avec difficulté. «J'étais vraiment en état de choc, et j'étais seul. J'ai cherché de l'aide dans les commerces alentours, mais personne ne m'a aidé, personne n'a appelé les secours, déplore l'homme. Au bout d'un moment je suis heureusement tombé sur un groupe de jeunes filles qui sont restées avec moi et qui ont appelé les secours. J'ai fini à l'hôpital», et d'énumérer ses blessures, dont une commotion cérébrale, toujours d'après l'homme.

La police parle d'«un conflit»

Il annonce qu'il n'en restera pas là: «Une plainte sera bien évidemment déposée dès que j'irai un peu mieux.» Contacté, Matthias n'a malheureusement pas répondu à nos sollicitations. Le média de pop culture «Bored panda» a en revanche relaté son témoignage direct, en anglais.

Et les forces de l'ordre, là-dedans? Matthias n'en fait pas mention dans son récit sur les réseaux. Contactée, la police cantonale genevoise nous répond succinctement qu'elle est intervenue le dimanche 14 juillet à 16h, dans la rue où se trouve le bar dont il est question, «pour un conflit».

C'est-à-dire? Les autorités se contentent de spécifier qu'un «conflit» peut aussi bien signifier une querelle de voisinage que des choses plus violentes, dans leur jargon. Mais elles n'en diront pas plus (à noter qu'à notre connaissance, pour le moment, aucune plainte quant à ce cas n'a encore concrètement été déposée). 

Le bar nie toute implication

Également contacté, le patron du bar en question refuse de commenter le cas. Mais une personne qui travaille dans l'établissement nous souffle tout de même que, s'il y a bien eu une rixe dans la rue devant le bar du quartier rouge, ce dernier réfute toute responsabilité quant à la bagarre.

L'employé nous confie que l'entreprise a conscience de ce qui circule sur les réseaux, et qu'elle songerait à porter plainte contre l'influenceur pour diffamation (car Matthias a explicitement indiqué le nom et l'adresse du lieu, dans ses publications sur les réseaux).

La source stipule aussi que tout se serait passé dans la rue, uniquement, «avec des clients qui n'ont rien à voir» avec le bar. D'après la même personne, le patron du bistrot aurait même proposé «son aide à cette personne, qui n'en a pas voulu». Notre interlocuteur note la présence d'une caméra de surveillance dans la rue, à l'entrée de l'établissement.

*Nom d'emprunt

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