Le tribunal des Prud'hommes saisi
Des salariés de Smood veulent récupérer leur argent

Deux salariés de la société de livraison de repas Smood et deux salariés de Simple Pay, l'entreprise de services qui collabore étroitement avec Smood, ont saisi, mercredi, le tribunal des Prud'hommes pour tenter de récupérer ce qu'ils estiment qui leur est dû.
Publié: 12.05.2022 à 08:23 heures
Smood devra-t-il passer à la caisse?
Photo: keystone-sda.ch

Les quatres salariés veulent récupérer des heures de travail et des frais professionnels qui, estiment-ils, ne leur ont pas été payés. Leurs prétentions cumulées se montent à environ 125’000 francs, indique le syndicat Unia, qui les défend.

Les demandes devant les Prud’hommes ont été déposées à Genève, à Vevey, à Neuchâtel et à Sion. D’autres requêtes, émanant d’autres livreurs, doivent suivre prochainement. Le syndicat Unia espère que ces procédures amèneront les deux sociétés concernées à corriger «enfin leurs conditions de travail inacceptables».

Chez Smood, le salaire minimum est bien versé (un peu plus de 23 francs de l’heure à Genève), mais l’entreprise rogne sur les frais professionnels, comme les indemnités dues aux livreurs qui utilisent leur voiture ou les majorations pour le travail de nuit, explique Roman Künzler, le responsable logistique et transport d’Unia.

Qui devra passer à la caisse?

Chez Simple Pay, une entreprise créée par une fondatrice de Smood et qui «loue» des livreurs à Smood, la situation des salariés est encore plus précaire, selon Roman Künzler. Seul le temps de la livraison est décompté comme temps de travail. Le temps d’attente n’est pas rémunéré. Il est ainsi possible de gagner moins de 10 francs l’heure.

Simple Pay est une société qui est surtout active dans l’arc lémanique. «Mais nous voyons apparaître d’autres contrats Simple Pay ailleurs en Suisse», s’inquiète le responsable syndical. Du travail temporaire uniquement rémunéré quand l’entreprise à une activité économique est une «innovation» contraire à la loi, insiste-t-il.

Roman Künzler regrette aussi la discrétion de la Migros dans cette affaire. Le géant de la distribution possède en effet 30% de Smood, mais il n’est pas intervenu quand des livreurs, exaspérés par leurs piètres conditions de travail, ont mené une grève à la fin de l’année dernière.

Si Simple Pay se trouve dans l’impossibilité de verser les arriérés de salaires que réclament les livreurs, «nous demanderons à Smood et à Migros de payer», relève Roman Künzler.

La Chambre des relations collectives de travail (CRCT) du canton de Genève s’était prononcée sur le conflit opposant Smood à ses livreurs. Elle avait émis en février dix recommandations qui devaient permettre à l’entreprise de se conformer au droit sur le travail. Smood n’en n’a mis qu’une seule en oeuvre, note Roman Künzler.

(ATS)

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