«Le stress et l'angoisse m'ont rendu malade»
Un propriétaire suisse perd sa fortune et sa santé dans la maison de ses rêves

Andreas Ackermann est en colère. La maison de ses rêves, pour laquelle il a longtemps économisé et contracté une hypothèque, n'est toujours pas terminée après sept ans. Elle lui a coûté un demi-million de francs de plus que prévu. Une catastrophe pour ce travailleur.
Publié: 03.03.2025 à 21:32 heures
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Andreas Ackermann se trouve devant la maison qui devait être celle de ses rêves.
Photo: Sandro Zulian
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Sandro Zulian

L'ancien chauffeur de camion Andreas Ackermann voulait réaliser le rêve de sa vie pour ses vieux jours: une maison avec son propre parking où il pourrait garer son camion bien-aimé. L'espace dont il n'aurait pas besoin aurait été réservé à des propriétaires de camping-cars pour arrondir ainsi ses fins de mois. Mais les choses ne se sont pas passées comme prévu.

A l'arrivée, le projet a coûté plus d'un demi-million de francs de plus que prévu et ne correspond pas du tout aux attentes d'Andreas Ackermann. «Tout ce stress et ces angoisses constantes m'ont rendu malade», confie cet homme de 58 ans dont la santé est désormais fragile.

L'idée de son projet de construction lui est venue en 2018, lorsqu'un conseiller immobilier, qu'il connaissait, lui a proposé son aide. «Il m'a dit à l'époque qu'il connaissait un architecte qui pourrait s'en occuper», raconte Andreas Ackermann. Ce dernier a contracté une hypothèque de 1,15 million de francs avant de laisser le projet entre les mains des deux professionnels. «Je leur ai fait confiance, c'est leur métier après tout!»

Des échanges catastrophiques

La construction a donc commencé. Mais au bout d'un an, son ex-femme a commencé à avoir des doutes en examinant les factures. «Il n'y a jamais eu de contrôle détaillé des coûts. Il n'y avait que des offres approximatives», explique Andreas Ackermann à Blick. Interrogés, les deux responsables se sont contentés de dire: «On va le faire.»

Andreas Ackermann reconnaît que ces détails auraient dû lui mettre la puce à l'oreille: «Mais à l'époque, j'étais encore employé à plein temps et je ne rentrais parfois que tard le soir. Je ne pouvais pas m'occupé de tout, c'est bien pour cela que je les avais engagés!»

A plusieurs reprises, l'architecte aurait apporté de nouvelles factures à régler. «Je ne suis pas un professionnel, mais je sais que pour un tel projet, l'architecte devrait passer une à deux fois par semaine et regarder avec moi les plans de construction détaillés et les offres. Normalement, on les classe ensuite dans un dossier de projet, explique Andreas Ackermann. Mais à ce jour, ce dossier est encore entièrement vide.»

Une maison 50% plus chère

En revanche, le classeur des défauts de construction s'est épaissi. Les deux professionnels ont notamment oublié une fenêtre de la maison, ont laissé l'excavation en plan, lui ont construit un escalier sans rampe dans la maison et ont laissé le balcon incomplet.

C'est est trop. Fin 2019, il résilie le «contrat de planification» avec l'agent immobilier et l'envoie balader, lui et son architecte. Dans sa lettre de résiliation, Andreas Ackermann précise: «En raison de clarifications erronées au préalable et d'explications non professionnelles (devoir de diligence), le projet de construction a été massivement renchéri.»

L'ex-chauffeur fait appel à un nouvel architecte pour terminer la maison. De ce fait, et en raison des défauts et erreurs de planification antérieurs, l'ensemble du projet de construction coûte plus de 1,7 million de francs au total. Soit un demi-million de plus que le budget initialement prévu.

Du rêve au cauchemar

Et pourtant, la maison n'est toujours pas terminée, car Andreas Ackermann n'a plus un sou en poche. «Quand il pleut, il y a un jet d'eau qui sort d'ici», dit-il en désignant un puits dans sa cour. Il peut alors «ratisser le jardin» chez son voisin pour récupérer les pierres que l'eau emporte depuis sa place non goudronnée. Un dégât des eaux, dû à la mauvaise planification de l'époque, a encore compliqué la vie d'Andreas Ackermann en 2021.

«
On m'a diagnostiqué une épilepsie en 2022. Depuis, je n'ai plus qu'une capacité de travail de 50%
»

Pour payer les frais élevés, l'ex-femme du propriétaire a contracté une deuxième hypothèque et doit à nouveau vivre avec lui. Pour couronner le tout, le chaos engendré par cette construction désastreuses a considérablement affecté la santé d'Andreas Ackermann: «On m'a diagnostiqué une épilepsie en 2022. Depuis, je n'ai plus qu'une capacité de travail de 50%.»

L'homme a porté le litige concernant sa maison jusqu'à l'office de conciliation. Mais aucun accord n'a été proposé. Selon son avocat, Andreas Ackermann pourrait porter plainte, mais il refuse. Il n'a tout simplement plus l'énergie pour cela, et encore moins l'argent. Et la chance de voir le courtier ou l'architecte lui verser de l'argent est de toute façon minime.

L'agent immobilier et l'architecte se rejettent mutuellement la faute

L'agent immobilier a uniquement lâché: «Je trouve la situation bien dommage.» Mais ce dernier a les mains liées, car il a cédé en 2022 la société de conseil Immo qui était alors responsable de la construction. Et plus précisément à l'architecte de l'époque.

Ce dernier déclare à Blick qu'il n'était à l'époque qu'un simple employé et qu'il ne travaillait «que dans les coulisses». Les deux professionnels se rejettent donc mutuellement la faute. Le courtier a simplement adressé à Andreas Ackermann: «Je lui souhaite de tout cœur un bon rétablissement et le meilleur pour l'avenir.»

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