Le Suisse se présente devant le tribunal cantonal de Lucerne en jeans, sweat à capuche et baskets. Il affiche un visage sérieux. «Beaucoup de choses sont en jeu», déclare Besiam U.* à Blick. «Si je dois aller en prison pendant aussi longtemps, il me sera difficile de poursuivre mon activité.»
Devant le Tribunal pénal de Lucerne, le comptable diplômé a été condamné en première instance à une peine de prison partielle de 26 mois, dont 10 mois fermes. Le tribunal l'a reconnu coupable de faillite frauduleuse, de défaut de tenue de comptes, de falsification de documents, de mauvaise gestion, d'emploi et de recrutement d'étrangers sans autorisation, de tentative de vol et de refus d'effectuer des travaux d'intérêt général.
Le fossoyeur d'entreprises
Un élément important dans la liste des infractions commises par le comptable est son activité de «fossoyeur d'entreprises»: entre 2014 et 2019, il a conduit 14 entreprises à la faillite de manière contrôlée et délibérée, principalement des entreprises du secteur de la construction. Il percevait en moyenne 5000 francs par faillite.
Après le procès, il accepte de nous expliquer le fonctionnement de sa magouille: «Il s'agissait de sociétés en difficulté, qui devaient les cotisations de sécurité sociale de leurs employés à l'État. J'ai repris les entreprises et les ai laissées faire faillite. Les ex-propriétaires ont simplement créé une nouvelle société en parallèle et se sont ainsi tirés d'affaire».
L'addiction aux jeux d'argent a eu raison de lui
Et il avait désespérément besoin de cet argent. Il déclare: «J'étais accro aux jeux d'argent, je n'y ai pas réfléchi à deux fois. Aujourd'hui, je le regrette. Je ne le referais certainement pas.» Le temps passé par l'homme d'affaires à faire le larbin pour des entreprises risque de le hanter un bon moment encore: comme expliqué ci-dessus, toutes les écritures comptables négatives et les dettes avaient été enregistrées à son nom, alors qu'il n'en était pas du tout responsable.
Au tribunal, il affirme qu'il n'a plus rien à voir avec ces anciennes machinations. «J'essaie de reprendre pied avec ma nouvelle entreprise de génie civil. Les commandes sont bonnes. Les affaires sont bonnes», s'exclame-t-il. Il espère utiliser une partie des bénéfices pour réduire sa montagne de dettes. Son avocat demande donc une peine plus légère, défendant que 18 mois de prison avec une période de probation de trois ans sont des sentences appropriées.
Le procureur général insatisfait
Le procureur général, quant à lui, plaide pour une peine plus sévère. Il demande 40 mois de prison ferme: «L'accusé a déjà de nouvelles condamnations. Il a déjà purgé une peine de cinq mois et demi, ce qui ne l'a pas dissuadé de commettre d'autres infractions. Seule une condamnation à la prison sans conditions peut aider».
Le tribunal cantonal rendra son verdict dans les prochains jours.
*Le nom a été modifié
(Adaptation: Daniella Gorbunova)