La Suisse est à court de médicaments. Actuellement, le site Internet drugshortage.ch fait état de 948 pénuries de médicaments pour la Suisse, comme l'écrivent les journalistes de CH Media. En d'autres termes, près d'un médicament courant sur trois fait l'objet d'une pénurie.
Pire: la liste s'allonge chaque semaine. Elle comprend des tranquillisants, des somnifères, des antibiotiques, des analgésiques, des médicaments contre le diabète et des antihypertenseurs.
La Suisse n'a pas de service officiel
Le problème, c'est qu'il n'existe pas d'organisme officiel en Suisse qui puisse prévoir les éventuelles insuffisances et s'attaquer aux pénuries naissantes. La seule personne en Suisse qui dispose d'un aperçu complet de la situation des médicaments est Enea Martinelli.
Pharmacien-chef de l'hôpital d'Interlaken et vice-président de l'association de pharmaciens Pharmasuisse, Enea Martinelli recense les pénuries de livraison et d'approvisionnement depuis huit ans et gère le site Internet. Le fait que la liste des lacunes doive être gérée de manière privée est une preuve d'indigence pour la Suisse, déclare-t-il à CH Media.
Mais il n'existe pas de solutions simples. Enea Martinelli exige donc de la Confédération qu'elle reconnaisse enfin ces goulets d'étranglement comme un problème. Cela implique par exemple que la Suisse procède à sa propre évaluation de la situation d'approvisionnement. L'Office fédéral pour l'approvisionnement économique du pays (OFAE) tient certes sa propre liste. Mais celle-ci n'a qu'une pertinence limitée, car les médicaments n'y sont répertoriés que de manière sélective.
Une task force à l'œuvre
Il existe plusieurs raisons à la pénurie, mais elles sont souvent de nature économique. Il se peut par exemple que seuls quelques fabricants trouvent encore un intérêt à produire une substance active. Si ceux-ci disparaissent, c'est toute la chaîne d'approvisionnement qui s'effondre. La production de médicaments dont le brevet a expiré n'est généralement plus rentable financièrement pour les entreprises pharmaceutiques.
Au début de l'année, la Confédération avait tout de même créé une task force qui a mis en place quelques mesures d'urgence. Les autorités étudient également d'autres mesures. Mais il faudra du temps pour que les choses bougent vraiment: ce n'est qu'au printemps de l'année prochaine qu'un rapport sera présenté au Conseil fédéral pour lui indiquer ce qui pourrait être fait.