Les choses sérieuses commencent. Les négociations entre la Suisse et l'UE sont dans la dernière ligne droite. Un accord sur les Bilatérales III doit être conclu d'ici à la fin de l'année et pourrait être signé juste avant Noël.
D'ici là, le ministre des Affaires étrangères PLR Ignazio Cassis, en charge du dossier, doit résoudre les derniers points d'achoppement. Et ils sont difficiles – la clause de sauvegarde exigée par la Suisse en matière de libre circulation est, à elle seule, un exercice périlleux à Bruxelles.
Mais Ignazio Cassis ne peut pas se permettre un nouvel échec. En 2021, il avait déjà appuyé sur reset, faisant échouer l'accord-cadre de l'époque. Le Conseil fédéral avait alors interrompu les négociations, laissant le Parlement et le peuple à l'écart.
Le PLR dans un rôle clé
Quel que soit le résultat, le gouvernement fédéral transmettra cette fois-ci la patate chaude au Parlement. Mais un nouveau traité européen n'a une chance de passer que si une large alliance soutient l'accord. Le Parti libéral-radical (PLR) a donc un rôle clé à jouer. Il est considéré comme le gardien de la voie bilatérale. Mais ce statut s'effrite.
Officiellement, les libéraux-radicaux ne se positionneront que lorsque le résultat final du nouveau traité sera sur la table. Le président Thierry Burkart a ainsi ramené le calme au sein du parti. Le calme avant la tempête? Car les partisans et les critiques se mettent lentement en place.
Défenseurs contre sceptiques
Le conseiller national soleurois et entrepreneur d'Ypsomed Simon Michel est considéré comme un éminent défenseur des Bilatérales III. Sur X, il explique régulièrement les avantages d'un nouvel accord et affirme clairement que «l'inaction, l'érosion, l'expiration des accords n'est pas une option». Il veut désamorcer la problématique de l'immigration, si nécessaire, par une clause de sauvegarde nationale unilatérale.
Une telle clause pourrait être décisive pour apaiser les sceptiques. L'ancien président des jeunes PLR Matthias Müller en fait partie. «Sans clause de sauvegarde efficace, l'accord est mort», déclare à Blick l'actuel vice-président du PLR zurichois.
Pas de concessions aux syndicats
Si le Conseil fédéral devait faire des concessions trop importantes à la gauche et aux syndicats, l'accord n'aurait pas non plus de sens, martèle Mathias Müller. Il rejette des mesures telles qu'un renforcement de la protection contre le licenciement ou une extension des CCT. «Le marché du travail libéral est un facteur de succès pour notre Suisse. Nous ne devons pas céder aux syndicats sur le droit du travail, sinon nous dériverons dans une direction socialiste, avertit-il. Nous voulons un accord, mais pas à n'importe quel prix!»
Le marché du travail libéral ne doit pas être endommagé, selon le ténor libéral-radical. Face aux syndicats, le PLR veut donc marquer sa fermeté. En écoutant les membres du parti, beaucoup pensent que les syndicats finiront de toute manière par céder.
Mais ce serait jouer avec le feu. En effet, le patron des syndicats et conseiller aux Etats socialiste Pierre-Yves Maillard explique clairement qu'il faudra faire des concessions supplémentaires en matière de protection des salaires ou de service public pour faire rentrer les syndicats dans le rang.
La peur du PLR face à l'UDC?
Dans le camp de gauche, on spécule déjà sur le fait que le PLR s'accommode d'un échec du nouvel accord par peur de l'Union démocratique du centre (UDC). En effet, si les libéraux-radicaux et les syndicats se battaient épaule contre épaule pour un accord avec l'UE, le PLR pourrait perdre une partie de son aile eurosceptique au profit de l'UDC.
Même avec 1 ou 2% d'électeurs en moins, les libéraux-radicaux risquent de perdre leur deuxième siège au Conseil fédéral. Selon une hypothèse, ce siège au Conseil fédéral est plus important pour le PLR que les Bilatérales III.
Le Parti libéral-radical craint probablement de conclure un pacte avec la gauche uniquement parce que la pression de l'économie est trop faible et que celle-ci est elle-même profondément divisée sur la question de l'UE. Un initié du PLR se montre toutefois serein. En cas de non, les accords bilatéraux s'éroderaient certes lentement et perdraient de leur valeur, «mais ils fonctionnent encore».