Une gérante de maison close argovienne, âgée de 60 ans, doit répondre de ses actes devant le tribunal. La maquerelle avait en effet proposé les «services» de deux jeunes mineures. La femme s'est rendue coupable de traite d'êtres humains et d'encouragement répété à la prostitution de mineurs, a indiqué lundi 17 février le ministère public d'Argovie dans un communiqué.
Un client de 44 ans, qui avait expressément demandé des prostituées mineures, est également inculpé, et risque une peine de prison avec sursis pouvant aller jusqu'à huit mois indique l'«Argauer Zeitung». Par ailleurs, d'autres clients, qui avaient également payé pour avoir des relations sexuelles avec des jeunes filles ont reçu des ordonnances pénales définitives. Le montant des amendes va de 250 à 2500 francs. En outre, un dédommagement a été demandé pour les victimes.
L'UDC dans l'embarras
Mais l'affaire ne s'arrête pas là: un des hommes condamnés est un membre de l'Union démocratique du centre (UDC). Actif dans le parti local de sa commune, il s'est en outre présenté aux élections du Grand Conseil, écrit encore l'«Argauer Zeitung». Comme il ressort de l'ordonnance pénale rendue à son encontre, il s'était rendu à deux reprises chez une jeune prostituée mineure.
Au vu du comportement et de l'apparence de la jeune fille, le politicien aurait dû se rendre compte qu'elle était «manifestement encore mineure», précise le ministère public. Ce n'est pas tout: l'homme aurait payé 220 francs pour le rapport sexuel, et 100 francs supplémentaires pour un rapport sans préservatif.
Le président du parti cantonal d'Argovie, Andreas Glarner, a recommandé au politicien condamné de quitter l'UDC. Une recommandation que l'homme a apparemment suivie, toujours à en croire le quotidien alémanique. Le criminel ne figure désormais plus sur le site du parti local. Andreas Glarner a confirmé au titre la démission de ce membre embarrassant.
Elle n'avait que 16 ans
De son côté, l'exploitante de la maison close est actuellement en détention et le Ministère public requiert une peine d'emprisonnement de quatre ans et une expulsion du territoire national de dix ans. Deux réceptionnistes, qui étaient chargées de la coordination des rendez-vous et des services ont également été condamnées à des peines d'emprisonnement de 14 et 16 mois et à une expulsion de cinq ans.
Les jeunes victimes qui offraient leurs services dans la maison close du district de Baden avaient vraisemblablement été attirées en Suisse par ce que l'on nomme «l'arnaque du loverboy». Cette dernière consiste à séduire des femmes en leur promettant une indépendance financière et des gages d'amour lorsqu'elles se rendront dans le pays d'un riche amoureux. Le piège se referme ensuite sur ces victimes, qui une fois isolées, se voient contraintes de se prostituer.
Comme le ministère public d'Argovie l'a communiqué lundi, le membre de l'UDC a mis en contact la jeune fille, une Hongroise de 16 ans avec l'exploitante de la maison close. La population avait fait remonter des informations sur ce sombre commerce aux autorités et l'affaire avait été découverte en avril 2023. L'enquête a révélé que l'adolescente avait dû se prostituer auprès de 70 hommes environ dans la période courant de janvier à mars 2023.