«Le grand retour du nucléaire a commencé»
Le boss de l'AIE fait du lobbying pour la construction de centrales nucléaires en Suisse

La volonté de réduire les émissions de CO2 donne un nouvel élan à l'énergie nucléaire. Ce qui fait déjà s'enthousiasmer Fatih Birol, directeur de l'Agence internationale de l'énergie.
Publié: 21.01.2024 à 06:05 heures
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Fatih Birol est directeur de l'Agence internationale de l'énergie basée à Paris. C'est le gestionnaire d'énergie le plus puissant du monde.
Photo: AFP
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Christian Kolbe et Lea Hartmann

La fin de l'énergie nucléaire en Suisse, ce ne sera pas pour tout de suite. Dans quelques semaines, les partisans du nucléaire déposeront l'initiative populaire «Halte au black-out», qui vise à supprimer de la Constitution l'interdiction de construire de nouvelles centrales nucléaires. L'initiative a réuni les 100'000 signatures nécessaires.

Le débat tendu en Suisse sur le nucléaire est à l'image des désaccords observés à l'échelle mondiale. Pourtant, «le grand retour du nucléaire a commencé, assène Fatih Birol. Nous voyons venir une grande vague nucléaire!», s'enthousiasme le chef de l'Agence internationale de l'énergie.

Blick l'a rencontré en marge du Forum économique mondial (WEF) à Davos. L'homme est respecté. Forcément, quand on est le gestionnaire d'énergie le plus puissant du monde: l'AIE, dont le siège est à Paris, conseille les 31 pays membres sur les questions de politique énergétique, dont la Suisse fait partie. Le «Time Magazine» l'a même placé sur la liste des 100 personnalités les plus influentes en 2021.

Mais qui va payer la construction de centrales?

Au Japon, en Corée, en Chine, en Inde, au Canada, aux États-Unis, mais aussi dans de nombreux pays européens comme la France ou la Suède, on réinvestit de plus en plus dans l'énergie nucléaire, constate Fatih Birol. Ce dernier estime que l'énergie nucléaire est indispensable pour atteindre certains objectifs climatiques et réduire les émissions de CO2.

Le nucléaire contribue également à une certaine sécurité énergétique, mise à mal depuis la guerre en Ukraine. Dans les années à venir, les besoins en électricité vont augmenter de manière significative, notamment pour alimenter les voitures électriques et les pompes à chaleur.

Une question demeure toutefois: qui va financer ce retour galopant du nucléaire? En Suisse, même les exploitants de centrales croient peu au retour de l'énergie nucléaire, du moins pas à court ou moyen terme. «L'opposition politique au nucléaire est toujours présente, mais beaucoup moins qu'auparavant» explique Fatih Birol, qui constate toutefois: «L'opinion publique évolue en faveur de l'énergie nucléaire».

Pour le boss de l'AIE, la gestion des déchets radioactifs est certes un problème, mais il peut être facilement résolu. Le plus grand défi reste donc de trouver des moyens de financement pour la construction de nouvelles centrales nucléaires.

22 pays célèbrent l'énergie nucléaire et la financent

En Chine, par exemple, c'est l'État qui finance les centrales nucléaires. Une autre possibilité serait que l'État crée des incitations pour les investisseurs privés. Comme l'énergie nucléaire augmente la sécurité d'approvisionnement d'un pays, le soutien de l'État est justifié, estime Birol.

Actuellement, environ 10% de l'énergie produite dans le monde provient de centrales nucléaires. Cette part va augmenter dans les années à venir. Lors de la conférence sur le climat qui s'est tenue en décembre dernier à Dubaï, 22 pays ont signé une déclaration d'intention visant à développer l'énergie nucléaire. Parmi eux, on trouve notamment la France, la Grande-Bretagne, la Suède, la Finlande, la Pologne, les États-Unis et le Japon.

Et d'ici 2050, les capacités doivent être triplées par rapport à 2020.

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