La vie de la famille C.* a pris fin le jeudi 9 mars au matin, lorsque la maison d'Yverdon, où habitaient la mère et les trois filles de 5, 9 et 13 ans, a explosé. La faute à Jérôme, 45 ans, qui a tué les siens avant de se donner la mort et de provoquer l'incendie destructeur de la maison familiale.
Tout cela, la police cantonale l'a annoncé dans un communiqué de presse, le week-end dernier. Mais la lecture de «L'illustré» de ce mercredi donne quelques détails sur ce qui s'est passé dans la «maison Vuillamy», du nom d'un ancien commissaire qui y vécut longtemps.
La famille C.* a résidé jusqu'en 2021 dans le sud du canton de Fribourg, à Attalens. Ce village du district de la Veveyse était le siège de l'entreprise de publicité de la famille paternelle, où Jérôme avait tout appris. Et dont les portes sont restées closes devant l'envoyé spécial du magazine romand. «Sa maman, marquée par l’épreuve, nous a fait savoir avec une grande dignité qu’elle ne ferait aucun commentaire», peut-on lire dans l'édition de ce mercredi.
Une aînée championne vaudoise
Comme Blick l'avait écrit, le couple était dans une phase de séparation déjà bien entamée. Le père de famille ne vivait plus dans la maison qui a servi de théâtre à ce huis clos meurtrier. Coralie, la mère de famille, se décrivait comme célibataire sur Facebook. Un réseau social qui lui servait de journal intime: on y découvrait toute la vie de ses enfants, dont les exploits hippiques de son aînée Alyssia, championne vaudoise en 2021 dans la catégorie poney.
«L'illustré» voit une signification symbolique directe dans une récente publication de la quadragénaire: «Parfois tu t'aperçois que ça sert à rien de courir après certaines personnes... tu donnes de ton temps (tellement compté), de ton énergie, même de ton argent et...» (sic). Coralie l'a accompagné d'une image de chrysanthèmes, symbole d'un amour achevé.
Le couple s'était installé récemment à Yverdon. Faute d'avoir pu construire une propre maison, explique le magazine, la famille fribourgeoise avait élu domicile à la rue du Valentin, dans une bâtisse qui a aussi abrité l'écrivain Rolf Kesselring.
Une explosion l'a ravagée vers 6h30, ce jeudi matin. Seul Loucky, le berger australien de la famille, a survécu. Vers 7h30, les grands-parents maternels, accourus sur les lieux, disaient leur détresse de ne pas réussir à contacter leur fille, avant d'être pris en charge par la police.
«Les sœurs C.*, c'était quelque chose!»
Samir Hammami, porte-parole des pompiers, avait confié à Blick qu'il n'avait jamais vu un tel incendie. La faute à la grande quantité d'accélérant, probablement de l'essence, évoquée par la police dans son communiqué. Il a fallu plus d'une vingtaine d'hommes du feu pour maîtriser le sinistre, compliqué par de grands risques d'effondrement du bâtiment.
«Les sœurs C., c’était quelque chose!», écrit «L'illustré». Alyssia, Madyson et Chelsey étaient très appréciées par leurs camarades. Une cellule psychologique a très vite été mise en place pour tenter de contenir, un tant soit peu, l'immense onde de choc créée par le drame. Une mère de famille voisine avait raconté à Blick comment son fils s'en voulait, de manière irrationnelle, de ne pas avoir pu sauver Alyssia. Les deux jeunes ados devaient purger ensemble une heure de retenue à l'établissement Léon-Michaud, ce matin-là.
Coralie, «fan de Patrick Bruel», documentait beaucoup sa vie quotidienne sur les réseaux sociaux. Mais, malgré des dizaines de milliers (!) de publications, aucune trace ou presque de son mari Jérôme. L'homme de 45 ans n'a-t-il pas digéré cette séparation, au point de commettre l'irréparable? Ce ne serait pas un cas isolé, relève le magazine romand, statistiques des féminicides à l'appui – chaque année, la Suisse enregistre 50 victimes d'homicide ou de tentative d'homicide dans les couples.
Les affaires allaient mal
L'assassin présumé de sa propre famille est au centre du drame et de toutes les spéculations. Selon un habitant d'Attalens, «les affaires allaient mal et ses problèmes familiaux découlaient de cette situation», témoigne-t-il dans «L'illustré», allant même jusqu'à appeler à «ne pas juger cet homme», qui a pourtant tué toute sa famille.
Il y a presque quinze ans, Jérome C.* lançait une société de vente et d'échanges en ligne. Une idée précurseuse en 2009. «Plus de la moitié des bénéfices sont reversés à des associations environnementales», expliquait-il alors dans un portrait de ce «jeune Veveysan» brossé par «24 heures».
En plus de son activité de publicitaire, le père de famille, qui «adorait ses filles» selon d'anciens collègues, avait aussi lancé une société qui louait des jouets gonflables pour des anniversaires d'enfant, revendue l'an dernier. Dans le jardin de la «maison Vuillamy», ce funeste jeudi, ce sont plutôt les deux balançoires qui étaient dans l'objectif des nombreux photographes et journalistes accourus sur les lieux. Même «Le Parisien» s'est fait écho de ce triple infanticide combiné à un féminicide et un suicide.
«Janvier est le premier chapitre d’un livre de 365 pages. Écrivez-le bien!», relayait Coralie C.* sur Facebook en début d'année. L'histoire de sa famille se sera arrêtée brutalement le 68e jour, dans des circonstances que l'enquête en cours finira d'éclaircir. À commencer par déterminer pourquoi celui que l'on décrit comme «aimant» a commis le pire des crimes.
«En raison de la grande émotion et au désarroi suscités par la tragédie», la Municipalité d'Yverdon a invité la population à une Marche Blanche, ce jeudi dès 18h. Un cortège en hommage aux victimes partira du domicile de la famille et se terminera à la Place Pestalozzi.