Tragique incendie à Yverdon
«J'ai entendu un immense bruit, comme un attentat»

Une famille a été décimée par une explosion suivie d'un incendie, ce jeudi à Yverdon-les-Bains (VD). Tandis que les circonstances restent mystérieuses, l'émotion est immense chez les habitants du quartier. Reportage.
Publié: 09.03.2023 à 16:40 heures
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Dernière mise à jour: 09.03.2023 à 17:39 heures
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Plusieurs corps ont été découverts dans cette maison d'Yverdon-les-Bains.
Photo: FLASHPRESS/ALLENSPACH
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Adrien SchnarrenbergerJournaliste Blick

«C'est une catastrophe pour Yverdon», lâche cette mère de famille, visiblement affectée par le drame qui s’est déroulé à quelques mètres de son propre domicile et a fait accourir toute la presse du pays. Pendant qu’elle fait part de son émotion à Blick, des pelleteuses mettent bas ce qui reste de la maison où une famille a péri dans une explosion, puis un incendie.

Quatre corps, tous membres de cette même famille, ont pu être retrouvés, a annoncé la police cantonale vaudoise. Le dernier, celui de l'une des trois filles du couple, était toujours activement recherché dans l'après-midi.

Le bâtiment risquant de s'effondrer, les pompiers ont dû trouver des stratagèmes.
Photo: Luisa Ita

Posé sur la table, le téléphone de notre témoin n’arrête pas de vibrer. Le panache de fumée provoqué par le drame et visible dans toute la ville, conjugué à la structure familiale (trois enfants) qui aurait pu correspondre à la sienne, ont inquiété les proches de l’Yverdonnoise. «Ça aurait pu être nous», confirme-t-elle dans un soupir.

Détail tragique: l’une des victimes devait avoir une heure de retenue, ce jeudi matin à l'école, avec son fils. «Quelqu’un est entré dans la classe pour demander où elle se trouvait, raconte-t-elle, avec émotion. J’ai dû dire à mon enfant que sa copine de classe était probablement décédée. Il se sentait coupable, m'a demandé ce qu'il aurait dû faire pour éviter cela...»

«J'ai pensé que c'était un attentat»

Il était 6h30 lorsqu’une explosion a réveillé tout le quartier, situé proche du parc du Castrum. Debora di Fuorti, 19 ans, était sur son téléphone lorsqu’une immense déflagration a retenti. «Tout mon corps a tremblé sur mon lit. J’ai pensé que c’était un attentat ou quelque chose du genre. Ma sœur a essayé de me rassurer, mais je suis allée sur le balcon et j’ai vu ces immenses flammes.»

D’après le récit de notre première témoin, il y a d’abord eu une première déflagration, puis d’autres, plus petites. «Il n’y a pas tout de suite eu des flammes. D’abord un immense dégagement de fumée, puis tout s’est embrasé», raconte-t-elle, photos à l’appui. «Seule la chienne de la famille, un berger australien, a réchappé de cet effroyable incendie», détaille «24 heures».

Dans l’après-midi, les pompiers – plus de vingt hommes du feu ont été engagés – ont dû avoir recours à un drone et des pelleteuses pour venir à bout de la carcasse de la maison. «La structure menace de s’effondrer, on ne peut pas rester à l’intérieur, explique à Blick Samir Hammami, porte-parole du Service de Défense incendie et de Secours (SDIS) du Nord-Vaudois. Je n'ai jamais vu une telle destruction.»

«Les flammes étaient impressionnantes»

Nicolas, 41 ans, qui habite à proximité de la maison incendiée, a, lui aussi, vu l'enfer de près. «Je suis arrivé après coup, mais les flammes étaient impressionnantes. Elles sortaient du toit. Le feu devait faire plusieurs mètres de haut. C'est effrayant de se dire qu'il y avait une famille là-dedans... Horrible, tout simplement horrible.»

Employé de la ville d'Yverdon, Nicolas est horrifié par le drame survenu dans son quartier.
Photo: Luisa Ita

Que s’est-il passé ce jeudi à l’aube au carrefour de la rue du Valentin et de celle du Midi? L’enquête devra le déterminer. Dans l’après-midi, la police a lancé un appel à témoins pour essayer d’établir les faits. Dans un communiqué de presse, le Ministère public explique avoir lancé une investigation. «À ce stade, aucune piste n'est privilégiée ni écartée. Nous ne sommes qu'au début des investigations», rappelle Florence Maillard, porte-parole de la police cantonale.

L’établissement primaire Pestalozzi, dans lequel était scolarisée la cadette de la famille, a établi une cellule de soutien. Des psychologues scolaires encadrent l’annonce du drame, et une permanence a été mise en place. Dans un communiqué de presse, la Municipalité d’Yverdon dit partager l’émoi de la population de la ville thermale. «Nous exprimons à la famille des victimes, comme aux proches, nos plus sincères condoléances», écrit-elle, tout en précisant qu’elle mettra des moyens d’accompagnement à disposition ces prochains jours.

En procédure de séparation

La maison du drame devait être détruite au profit de la construction d’un immeuble. «Cette fois, c’est fait», confirmait la femme décédée ce jeudi à notre témoin, il y a quelques jours encore. Selon plusieurs sources, le couple était en train de se séparer. La mère de famille s’affichait comme «célibataire» sur les réseaux sociaux, où un selfie avec ses trois fillettes serre le cœur à l'aune des événements tragiques de ce jeudi matin.

Le couple avait été actif par le passé dans une société de jeux gonflables pour enfants et stockait de l’hélium à domicile, selon ses voisins. Est-ce que cela aurait pu provoquer l’explosion? Le chauffage à mazout, mentionné par le propriétaire à «24 heures», est-il à l’origine de l’incendie? Autant de questions qui devraient trouver des réponses dans l’enquête en cours.

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