Le détenu Amin T.*, évadé le 4 octobre 2022 à Aarau, se trouverait-il dans la région d’Olten (SO)? Les recherches de Blick ont pu éclaircir l’affaire: la police cantonale soleuroise n’a pas pris suffisamment au sérieux une information importante.
En effet, le jour après que le Tunisien a réussi à s’échapper en descendant du véhicule de détention à l’Office des migrations, une scène suspecte s’est produite dans la région d’Olten. Plusieurs hommes se rencontrent sur un parking et discutent. L’un d’entre eux monte dans une Mercedes grise et change nerveusement de chaussures sur le siège passager, la portière ouverte.
L’homme est filmé par une caméra de surveillance et brièvement aperçu par hasard par son propriétaire. Plusieurs personnes ont remarqué cette scène jugée suspecte. Lorsque l’homme apprend qu’un détenu s’est échappé la veille, il compare la photo de l’avis de recherche avec ses propres images: il pourrait bien s’agir de la personne recherchée. Par précaution, il appelle la police.
La police cantonale soleuroise reconnaît son erreur
«L’appel a été pris en compte et transmis immédiatement après via la centrale d’alarme de Soleure à la centrale d’alarme de la police cantonale argovienne en charge du cas», confirme Astrid Bucher de la police cantonale soleuroise. Seulement, «en ce qui concerne le contenu, toutes les informations n’ont malheureusement pas été transmises». En particulier, les enregistrements d’une caméra de surveillance évoqués par l’auteur de l’alerte n’auraient pas été «mentionnés par notre collaborateur» à la police cantonale argovienne.
Une erreur grave puisqu’il pourrait bien s’agir du détenu en fuite. Le Tunisien avait l’habitude de séjourner dans la région depuis 2014. C’est d’ailleurs à Olten qu’il a commencé à vendre de la drogue. Il a certes été appréhendé onze fois par la police, mais a toujours été libéré.
Amin T. avait de bons amis dans la région d’Olten
L’homme en cavale ne s’est pas arrêté à la drogue. Il aurait passé à tabac sa petite amie, une autre femme et deux hommes. En 2019, il a été arrêté. En novembre dernier, il a été condamné à Olten. Mais il a fait appel de la décision devant la Cour suprême, où l’affaire est en attente.
L’homme aurait des amis dans la région d’Olten. Il aurait pu, après sa fuite, troquer ses vêtements de détenu contre des survêtements noirs. Le timing pourrait également correspondre. Après sa fuite peu avant 15h, il aurait pu d’abord se cacher, puis marcher la nuit le long des forêts en direction d’Olten et être arrivé vers midi au parking.
La police cantonale argovienne s’occupe de la suite
Même s’il n’y a aucune certitude sur l’identité de l’homme sur les images, la police ne laisse rien de côté. «Nous nous voyons bien sûr dans l’obligation d’enquêter sur chaque indice et d’agir en conséquence si nécessaire», déclare Astrid Bucher, de la police cantonale soleuroise. Dans le cas présent, nous devons admettre que l’information n’a pas été transmise dans son intégralité. Nous le regrettons vivement.» La question sera abordée avec le collaborateur concerné «afin que cela ne se reproduise plus à l’avenir». L’employée de police précise toutefois qu’en «principe», chaque message téléphonique reçu ne fait pas l’objet d’une inscription dans le journal de la police, comme ce fut le cas dans cette affaire.
La police cantonale soleuroise a reçu plusieurs informations concernant Amin T., tout comme la police cantonale argovienne. «Nous avons suivi toutes les indications reçues, déclare le porte-parole de la seconde nommée, Daniel Wächter. Entre-temps, les informations sur l’auteur du signalement ont également pu être échangées et nous nous en occupons.»
* Nom modifié