Le député européen Lukas Mandl
«La Suisse doit revenir immédiatement au programme de recherche Horizon»

Entre Berne et Bruxelles, ça coince. Le Parlement européen espère un renforcement des relations bilatérales et demande à la Suisse de passer à la vitesse supérieure dans ce dossier. Le député européen Lukas Mandl est à l'interview pour faire le point.
Publié: 23.07.2023 à 09:10 heures
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Dernière mise à jour: 23.07.2023 à 10:57 heures
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Le conseiller fédéral Cassis et le commissaire européen Sefcovic se sont rencontrés mardi à Bruxelles.
Raphael Rauch

Monsieur Mandl, les médias suisses vous qualifient d'«ami de la Suisse». Est-ce le cas?
Lukas Mandl: Même à Bruxelles, je suis considéré comme un ami de la Suisse. Un bon partenariat, voire une amitié, part d'une bonne base de discussion. Mais je ne suis pas un médiateur. Je suis négociateur en chef au Parlement européen.

Le Parlement européen a adopté cette semaine le rapport UE-Suisse. Quel est le message central?
La recherche d'une plus grande confiance mutuelle par une plus grande transparence est le motif de base. Qu'entend la Cour de justice européenne en termes de marché commun? Que signifie la libre circulation des travailleurs? Ce sont les questions qui doivent être clarifiées de manière plus transparente pour que nous puissions parvenir à un accord.

Mardi, le conseiller fédéral suisse Ignazio Cassis et le commissaire européen Maroš Šefčovič se sont rencontrés à Bruxelles, mais n'ont pas souhaité s'exprimer publiquement. Cela revient-il à du manque de transparence?
Je demande instamment à la Commission européenne de fournir des résultats. Je le recommande également au Conseil fédéral suisse, mais ce n'est pas à moi d'exiger quoi que ce soit du Conseil fédéral suisse. On peut aussi parvenir à des résultats par des discussions confidentielles. J'attends surtout du rythme.

La Suisse votera en octobre 2023, l'Union européenne (UE) en juin 2024. Y a-t-il encore une chance de percée avec la Commission européenne actuelle?
Ce serait un échec retentissant si nous ne parvenions pas à trouver une solution globale d'ici à la fin de cette période européenne. Le temps presse, mais il est encore possible de parvenir à un résultat.

Comment comptez-vous y parvenir?
La Commission européenne doit se défaire de sa vision tunnel, qui a conduit à une impasse. Par le passé, il y a eu trop peu d'estime pour ce que la Suisse fait dans le domaine de la sécurité, de la géopolitique et de la politique de paix. Et encore plus pour ce qui se passe dans le domaine scientifique.

Et que doit donc faire la Suisse?
La Suisse devrait ici se libérer du populisme – qui n'est toutefois pas un problème spécifique à ce pays. Le populisme existe dans toute l'Europe. Il ne s'agit pas que Bruxelles renonce à quelque chose ou que la Suisse renonce à quelque chose. Il s'agit que les deux parties en profitent clairement.

Pourquoi la Grande-Bretagne peut-elle participer au programme de recherche Horizon, mais pas la Suisse?
Ma position personnelle est la suivante: la Suisse doit immédiatement réintégrer Horizon. Le rapport du Parlement européen reprend cette position, même si elle est quelque peu atténuée. L'UE et la Suisse profiteraient toutes les deux d'Horizon.

Que pensez-vous de la peur des juges étrangers?
C'est un terme populiste. Il s'agit de juges équitables. Chaque étudiant en commerce apprend en première année qu'un marché commun a besoin d'une juridiction commune.

Que dites-vous aux syndicats qui craignent le dumping salarial?
Je réponds en tant qu'Autrichien: nous avons eu la même crainte avant l'élargissement de l'UE à l'Est. Bien que l'Autriche soit membre de l'UE, il n'y a pas eu de dumping salarial. Nous manquons de travailleurs dans toute l'Europe – nous avons besoin de chaque main tendue. Je respecte la position des syndicats suisses, mais c'est une position qui date du siècle dernier.

Que pensez-vous de la crainte que les systèmes sociaux suisses soient pillés?
Nous avions également cette crainte en Autriche – elle ne s'est pas concrétisée. C'est comme la peur du dumping salarial: une peur irrationnelle.

La Suisse participe au projet de défense européen Sky Shield. Cela ne montre-t-il pas qu'il n'est pas nécessaire d'avoir un paquet global, mais qu'il existe aussi des formes ponctuelles de coopération?
L'exemple de Sky Shield montre surtout à quel point on peut décider rapidement si on le veut vraiment.

Ne pourrait-on pas se passer d'un paquet global?
Les relations entre l'UE et la Suisse sont comme un vieux véhicule. On peut encore aller de A à B – cela fonctionne encore. Mais nous avons besoin d'une révision générale. Il n'est ni dans l'intérêt de la Suisse ni dans celui de l'Europe que les relations battent de l'aile.

Que parierez-vous pour qu'une percée soit effectivement réalisée avant les élections européennes de juin?
Une bonne bouteille de vin rouge des Grisons.

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